omment garder sa montre en bonne santé? En lui faisant faire son fitness quotidien, pardi! C’est le credo de Simon Wolf, héritier d’une longue dynastie de fabricants de produits en cuir et de «watch winders», à la tête de la marque qui porte son nom et célèbre ses 190 ans.
A cette occasion, la marque a organisé des événements dans le monde entier, reflétant son positionnement global, de l’Australie et des États-Unis à la Suisse, l’Italie et le Royaume-Uni. La marque a égelement présenté tout au long de l’année cinq produits en édition limitée pour le 190ème anniversaire, chacun représentant l’une des cinq générations de la société fondée en 1834 à Hanau, en Allemagne.
Europa Star: Vous sortez un beau livre pour les 190 ans de la société familiale. Qu’avez-vous découvert durant les recherches pour cet ouvrage?
Simon Wolf: Nous aurions pu attendre les 200 ans, mais cela me paraissait encore trop lointain (rires). Chacune des cinq générations est présente dans le livre et chacune a apporté quelque chose d’unique, propre à son époque. Par exemple, mon grand-père Philipp Wolf III a inventé l’emblématique boîte à bijoux ballerine à rotation musicale. Mais je ne m’étais pas bien rendu compte de l’impact que cela avait eu. J’ai aussi redécouvert le rôle essentiel de mon arrière-grand-mère Ida, qui a pris la relève de son mari au début du 20ème siècle et que j’ai rencontrée quand j’étais enfant. C’était quelque chose d’inhabituel pour l’époque qu’une femme reprenne une entreprise. C’est ainsi que nous continuons à avancer. C’est dans l’ADN de la famille de ne jamais abandonner!
En retraçant cette histoire, comment définiriez-vous votre rôle propre?
J’ai ouvert les bureaux de la société aux Etats-Unis en 1988, puis déménagé en Californie en 1992, avant de rapatrier le siège en Angleterre en 2020. J’ai aussi adapté la production à une chaîne logistique véritablement globale, lorsqu’il a fallu faire face aux grandes difficultés liées aux coûts élevés de production au Royaume-Uni et en Suède. Mais il ne faut jamais baisser les bras, il y a toujours une solution. Nous fabriquons de beaux produits, des articles de luxe, mais nous ne sommes pas une entreprise «typique»; nous rêvons grand, c’est sans doute pour cela que nous sommes la seule marque sur notre segment à avoir une telle présence internationale.
Et surtout, nous travaillons avec des détaillants là où beaucoup veulent faire uniquement de la vente directe, parce que c’est moins compliqué. Mais c’est ce qui nous assure un ancrage sur 70 marchés différents, avec des bureaux au Royaume-Uni, aux États-Unis et à Hong Kong, ainsi que cinq entrepôts pour assurer la logistique à travers le monde. Nous sommes aussi l’un des rares acteurs de notre segment présents assidûment sur les salons professionnels. Il s’agissait pour cet anniversaire de vraiment de célébrer ce que nous avons accompli et faire en sorte que tout le monde connaisse notre histoire et notre héritage.
Aujourd’hui, beaucoup de marques se posent la question stratégique: volumes ou valeur? Vous semblez actifs sur des créneaux très divers...
Nous n’allons pas certainement pas réduire nos volumes, bien au contraire. N’oublions pas que Louis Vuitton est devenu un empire en vendant des dizaines de milliers d’unités sur le segment du luxe tout en faisant aussi du sur-mesure! C’est également notre cas: nous voulons que tout le monde puisse accéder nos produits, mais nous faisons aussi du sur-mesure complet pour nos coffre-forts, à partir de 25’000 CHF.
Quel est le potentiel?
Il est particulièrement élevé pour les watch winders. Nous sensibilisons les gens à l’importance de remonter sa montre. Nous n’avons même pas encore effleuré la surface de ce potentiel, au vu du nombre de personnes qui possèdent une montre mais pas de remontoire automatique. Toute montre doit avoir son Wolf! Cela passe par beaucoup d’éducation, pour conquérir les esprits... et les poignets. En ce qui concerne les débouchés, les marchés les plus prometteurs se trouvent en Asie, par exemple les Philippines, Hong Kong, ou encore la Malaisie, la Thaïlande et l’Inde, Ethos.
En se plaçant sur le long terme, quid des générations futures?
Mes enfants ne souhaitent pas reprendre l’entreprise de leur côté, mais il y aura forcément un suivi de l’équipe. Ce dont nous avons besoin avant tout pour assurer notre avenir, c’est de renforcer encore notre image de marque et notre notoriété. Et heureusement nous travaillons avec des partenaires et détaillants exceptionnels: nous sommes la seule marque dans notre domaine à proposer des formations dédiées aux équipes de vente dans le monde entier.
Enfin, si l’on parle de long terme, je voudrais souligner les efforts que nous menons en termes de durabilité. Notre objectif est d’arrêter complètement l’utilisation de cuirs animaux d’ici 2026. Ce qui est élégant, le nouveau luxe, c’est de cultiver le cuir...