Portraits


Christophe Hoppé, l’horlogerie comme style de vie

janvier 2025


Christophe Hoppé, l'horlogerie comme style de vie

Après avoir fait ses armes chez Technomarine puis dans le monde des aiguilles, l’entrepreneur a tout quitté en 2010 pour refaire sa vie en Australie. Mais l’horlogerie ne l’a pas quitté: il y a fondé une marque de montres portant haut et fort les couleurs australiennes, Bausele, que l’on voit tant au poignet de joueurs de cricket que de pilotes de l’Air Force. Son nouveau projet va cependant le ramener bien plus près du cœur de l’écosystème horloger franco-suisse…

L

a vie de Christophe Hoppé est faite de contrastes, culturels, climatiques et… horlogers – le Français a grandi en Arabie saoudite, où son père travaillait dans le domaine de l’électricité, avant de retourner dans son Alsace d’origine. Puis il a quitté le Jura suisse, où il a accumulé une grande expérience horlogère, pour gagner l’Australie, le pays de son épouse. Il y a fondé l’une des rares marques horlogères locales, Bausele, mais pourrait certainement remigrer davantage vers le nord, puisqu’il vient de dévoiler qu’il allait relancer une marque historique de Franche-Comté, Eberjax, fondée en 1947.

Christophe Hoppé, l'horlogerie comme style de vie
©Archives Europa Star

La naissance de la marque australienne Bausele relayée en 2011 dans Europa Star.
La naissance de la marque australienne Bausele relayée en 2011 dans Europa Star.
©Archives Europa Star

Lorsque nous le joignons, il est dans son jardin à Sydney au lendemain d’une soirée partagée avec l’Australian Watch Club. Chaque matin, le sportif à la haute silhouette facilement reconnaissable sur le circuit horloger nage plusieurs kilomètres en traversant de part en part la fameuse et magnifique Manly Beach (ce qu’il reproduit dans le lac Léman lors de ses venues en Suisse, quelle que soit la saison). Il a fait de son style de vie l’inspiration principale pour les modèles Bausele: des cadrans joyeux aux couleurs éclatantes «Infinite Sunset», «Endless Sunrise» ou «Oceanmoon»; la fonctionnalité, robustesse, accessibilité et étanchéité d’une montre de plongée du quotidien; et même du sable de Manly Beach glissé dans la couronne.

Il a fait de son style de vie l’inspiration principale pour les modèles Bausele: des cadrans joyeux aux couleurs éclatantes «Infinite Sunset», «Endless Sunrise» ou «Oceanmoon».

Un solide réseau en Suisse

Lors de ses années en Suisse, Christophe Hoppé a été à l’«école Technomarine», du nom de cette marque créée par Franck Dubarry qui a connu un succès phénoménal dans les années 2000 en cassant les codes du design horloger et en mélangeant les matériaux, notamment les bracelets caoutchouc avec des lunettes serties de diamants. Il y a opéré comme directeur financier: «C’était une époque fantastique, une autre ère, nous prenions pour des dizaines de millions de francs de commandes des détaillants en une seule semaine à la foire de Bâle.»

Christophe Hoppé
Christophe Hoppé

En 2005, après être passé du côté de la sous-traitance en livrant tout d’abord des boîtes de montres depuis Hong Kong, Christophe Hoppé rejoint le spécialiste des aiguilles Universo au sein de Swatch Group. «J’y ai beaucoup appris, notamment sur les contraintes de la chaîne logistique de l’horlogerie suisse, mais aussi sur la réalité du marché et des ventes.»

«C’était une époque fantastique, une autre ère, nous prenions pour des dizaines de millions de francs de commandes des détaillants en une seule semaine à la foire de Bâle.»

Endless Sunrise
Endless Sunrise

Après être tombé amoureux d’une Australienne et de son pays d’origine, il convainc en 2010 son épouse, danseuse contemporaine à Bâle, de retourner «Down Under», où ils élèveront leurs deux enfants. «Lorsque je suis arrivé à Sydney, je me suis dit qu’avec mes qualifications et mon expérience de directeur financier, je n’aurais aucun problème à trouver un emploi et que tout le monde m’y attendait à bras ouverts. Grosse erreur!»

Christophe Hoppé, l'horlogerie comme style de vie

Un plan B… comme Bausele

Face à ces plans contrariés, il doit créer son propre travail… et se tourne naturellement vers l’horlogerie. Il existe alors très peu de marques australiennes et Christophe Hoppé dispose d’un vaste réseau de fournisseurs en Suisse et en Asie. II les active, trouve aussi un investisseur et lance Bausele en 2011.

Oceanmoon V Pacific Blue
Oceanmoon V Pacific Blue

Les débuts sont difficiles: il est loin, très loin de l’écosystème horloger et le e-commerce n’est encore qu’embryonnaire. Finalement, il arrive à entrer chez David Jones, une grande chaîne nationale de magasins, séduite par son concept de montre australienne Swiss made. Si cela donne un boost de notoriété à Bausele, la marque n’est pas du tout dans l’environnement horloger auquel elle se destine. Entre-temps, cependant, les réseaux sociaux commencent à émerger et la marque se met à vendre en direct sur Facebook.

Langstone Field
Langstone Field

«Quand j’ai commencé, il était inconcevable pour les Australiens de dépenser plus de 200 dollars dans une montre, explique Christophe Hoppé en revenant sur les débuts de la marque. C’est pourquoi j’ai commencé avec des modèles très abordables, équipés de mouvements quartz d’IsaSwiss qui avaient l’avantage d’indiquer les phases de lune et de marée, ce qui est très apprécié ici. Il a fallu progressivement sensibiliser les Australiens aux vertus de la mécanique car la culture horlogère y reste très récente.»

L'atelier de Bausele à Sydney
L’atelier de Bausele à Sydney

L’implantation des grands noms de l’horlogerie en Australie cette dernière décennie, ainsi que l’essor post-covid, ont changé la donne, amenant ce marché à mûrir. Et Bausele aussi a évolué, jusqu’à occuper son segment actuel entre 700 et 1’400 dollars, passant à une production exclusivement mécanique, tout en gardant l’esprit sportif et décontracté de ses débuts.

«Quand j’ai commencé, il était inconcevable pour les Australiens de dépenser plus de 200 dollars dans une montre.»

Eberjax, la nouvelle aventure

Pour la marque, qui produit entre 1’500 et 2’000 montres par an, un tournant a aussi été le début de ses collaborations avec différentes unités militaires australiennes, en particulier à l’occasion du centenaire de l’Air Force. Bausele a remporté cet appel d’offre face à des noms vénérables du circuit horloger, son ancrage national lui donnant l’avantage. La version civile du modèle a connu un beau succès. La marque continue aussi d’équiper les services secrets et autres unités d’élite australiennes.

Air Force 5th Generation
Air Force 5th Generation

Jouant à fond la carte des symbole du pays, elle a également collaboré pour une série limitée avec l’Opéra de Sydney et compte plus d’une dizaine d’ambassadeurs, acteurs ou sportifs nationaux. Mais elle a aussi donné carte blanche à l’artiste français seconde/seconde pour une réinterprétation dont celui-ci a le secret... sur le thème de l’aileron de requin bien sûr.

Bausele x seconde/seconde
Bausele x seconde/seconde

Si Bausele a su se positionner sur le fun à l’australienne, à des prix somme toute relativement modérés, le nouveau projet de Christophe Hoppé, la relance de la marque franc-comtoise Eberjax, s’inscrit dans une veine plus classique et sur un positionnement qui devrait franchir la barre des 10’000 euros. Pour cela, il s’est allié à un autre grand connaisseur des rouages de l’industrie, Guillaume Tetu (ex-Hautlence et Ralph Lauren) pour organiser la production future.

Le premier est un nageur qui frôle les deux mètres, le second un rugbyman à la carrure correspondante. Préparez-vous: dans les milieux horlogers, le duo ne passera certainement pas inaperçu à l’heure de raconter cette nouvelle aventure!

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