ORIGINES
A la fin des années 1920, la course à la création d’un mouvement à remontage automatique fait rage chez les horlogers. En 1931, la marque à la couronne créa « l’Auto-Rotor », basé sur un modèle produit par Aegler, un fabricant de calibre pour Rolex (racheté par la marque en 1930). Le mouvement fut le pionnier de ce qui deviendra le système à remontage automatique tel que nous le connaissons aujourd’hui. En ajoutant à leur mouvement manuel une masse périphérique capable de tourner en arc de 360° dans le sens des aiguilles d’une montre et dans le sens inverse, les ingénieurs trouvèrent une solution plus simple, plus robuste et plus fiable que les mouvements « bumper » de l’époque.
- Le fond arrondi et proéminent du boîtier conçu pour faire de la place au rotor automatique
Bien qu’elles aient été très appréciées et recherchées par les collectionneurs Rolex des années 70 aux années 90, les Bubble Backs sont aujourd’hui largement négligées au profit de modèles plus sportifs de la marque tels que les Daytona, Submariner ou Explorer. Cependant, les collectionneurs japonais sont toujours à la recherche de tels garde-temps et, comme toujours, leur regard aiguisé et leur bon goût ont vu juste. Les Bubble Backs sont en effet réminiscences d’une époque particulière de l’horlogerie (années 1930-1940). Deux décennies durant lesquelles le mouvement Art Déco, associé aux formes les plus pures et les plus élégantes, constituera la pierre angulaire d’une période majestueuse pour l’esthétisme et le design, un mélange de pureté et d’un certain sens de l’audace.
- Bel exemplaire avec un cadran californien
- ©robertmaron.com
Les collectionneurs italiens traquent également ces garde-temps qu’ils aiment appeler « Ovetto » ou « petit œuf » en italien, en référence à l’étrange forme arrondie du nouveau boîtier Oyster.
Pendant plus de vingt ans, les Rolex Bubble Backs furent les modèles les plus vendus de la marque et bâtirent les fondements de la réputation des montres Rolex: des tanks robustes mais élégants. Cet héritage ainsi que ses codes esthétiques, transmis aux modèles successeurs Datejust et Day-date, est encore visible aujourd’hui au sein de la marque.
MODELES ET VERSIONS
Étant donné que « Bubble Back » n’était qu’un surnom pour diverses références d’Oyster Perpetual avec un fond de boîtier arrondi, de nombreuses variantes existent sur le marché.
De même, le style Art Déco, très influent et esthétique, se retrouve dans les différentes combinaisons de cadrans des Rolex de cette époque. Certaines d’entre elles ont des cadrans à secteurs impressionnants, tandis que d’autres ont été conçues avec un mélange de chiffres romains et arabes, également appelés cadran californien. Il en va de même pour les aiguilles; certaines utilisaient la très célèbre aiguille Mercedes/Rising Star, tandis que d’autres venaient avec des aiguilles plus conventionnelles pour l’époque.
- Rolex Oyster Perpetual avec cadran californien
Les années 30 et 40 ont été un banc d’essai pour le design et l’originalité ; la liberté et la volonté d’expérimenter, ainsi qu’une certaine imagination futuriste, ont conduit à des créations incroyablement belles qui sont encore aujourd’hui considérées par la plupart comme la pure définition du style.
Néanmoins, quand on parle de Bubble Backs, on pense à toutes les montres Rolex automatiques/perpétuelles, construites autour du célèbre boîtier Oyster et de sa couronne vissée.
Parce qu’elles étaient particulièrement robustes pour leur époque, notamment grâce à la conception de leur boîtier, leur résistance à l’eau et par leur importante popularité, ces montres peuvent encore être trouvées en relativement bon état en considérant leurs âges (Presque 90 ans).
Encore une fois, les calibres peuvent aussi varier légèrement en termes de performances techniques et de caractéristiques. La majorité des Rolex Oyster Perpetual sont accompagnées d’une certification chronométrique, mais quelques rares exemplaires n’en font pas mention sur le cadran.
J’ai personnellement une préférence pour celles avec l’affichage de la petite seconde, plus esthétiques que les versions avec l’aiguille centrale des secondes, plus contemporaines.
Les Bubble Backs étaient proposées en acier inoxydable, mais également disponibles dans des boîtiers en or jaune ou rose de 14k ou 18k ainsi qu’en différentes tailles allant de 32mm à 34mm. Bien que petites par rapport aux standards modernes, ces montres ont toujours une présence élégante et originale au poignet, et ne sont en aucun cas choquantes ou ridicules à porter. A noter que les montres de 36 mm, également connues sous le nom de jumbo Bubble Backs, sont déjà plus proches du modèle qui allait leur succéder, à savoir la famille Datejust.
Une lunette marquée a été ajoutée à certaines références, et fut disponible en acier ou en or rose. Cette pièce métallique et esthétique a parfois donné lieu à des combinaisons bicolores inhabituelles mais néanmoins très belles.
- Une Bubble Back de 1944 dans un boîtier en acier inoxydable avec lunette en or rose et cadran californien
- ©Luxify.com
Complétées par un bracelet en cuir « vitello martellato » ou par un bracelet en acier riveté Gay Frères, ces montres peuvent être portées avec pratiquement tout. Cependant, si vous voulez aller plus loin, je vous recommande de porter votre Bubble Back lors de votre prochaine escapade italienne, chemise en lin, manches retroussées et vous serez sans doute pris pour un revendeur horloger italien.
- Un exemplaire bicolore original avec un bracelet Gay Frères bambou
- ©Watches in Rome
PRIX
Les prix des Rolex Oyster Perpetual de cette époque peuvent fluctuer énormément selon l’état, la qualité du cadran, l’originalité, les caractéristiques et l’état de fonctionnement. Bien qu’il ne s’agisse pas vraiment de Bubble Backs, certains Oyster Juniors, réservées à l’époque à une clientèle plus jeune ou plus féminine, capturent encore l’allure et le look de leurs grandes sœurs automatiques, tout en bénéficiant d’un tarif intéressant, avoisinant les 1000 CHF.
Par la suite, entre 1500 et 2000 CHF, vous pourrez éventuellement trouver des exemplaires en piteux état, mais je vous conseille de rester à l’écart de ce type de pièces. De 2500 CHF à 4000 CHF, et avec un œil aiguisé, vous pouvez trouver une bonne et respectable pièce sans trop de problèmes. Au-delà de la frontière des 4000 CHF, vous pouvez viser les versions en or, avec des cadrans rares ou signés par le détaillant et, éventuellement, accompagnées de leur bracelet d’époque en acier.
- Un cadran à secteur, aiguilles alpha Bubble Back avec la signature du détaillant italien Ronchi Milano
- ©rolexpassionmarket.com
CE QU’IL FAUT RECHERCHER
Condition, condition, condition, condition ! Étant donné qu’elles sont difficiles à réparer, en raison d’un manque de fournitures d’origine, je vous conseille vivement de rechercher des montres qui ont l’air en état et fonctionnant correctement. Faites attention aux cadrans contrefaits ou repeints. Vérifiez que les montres ne sont pas trop polies (rare en raison de la longue durée de vie de ces modèles) et possèdent les bonnes aiguilles. Il existe beaucoup de littérature sur les Bubble Backs, alors faites vos devoirs et vérifiez si la version du cadran que vous recherchez existe ailleurs. Ne vous préoccupez pas de la boîte et des papiers, qui sont presque impossibles à trouver et ajoute une importante plus-value sur le prix final.
Le Saint Graal serait pour moi symbolisé par une pièce en acier inoxydable avec lunette marquée, cadran secteur, aiguilles Mercedes au radium, compteur des secondes et, bien sûr, le bracelet en acier de chez Gay Frères, un modèle proche de celui-ci:
CONCLUSION
En établissant les deux piliers qui feront la renommée de Rolex - le mouvement automatique et le boîtier étanche - les Bubble Backs sont à l’origine du lancement et de la mise sur rails de la plus célèbre des marques horlogères, qu’est la maison Rolex.
Aujourd’hui encore, la couronne vissée, le boîtier Oyster, le mouvement automatique et l’aiguille Mercedes occupent une place importante dans l’offre Rolex contemporaine.