mployant quelque 400 personnes, Swiss Timing est un géant du chronométrage sportif. Mais l’entité est peu connue du grand public. Et pour cause: elle se met au service exclusif des marques de Swatch Group auquel elle appartient, notamment Omega, qui tiennent la vedette en tant que chronométreurs officiels lors d’événements sportifs allant de compétitions régionales jusqu’aux Jeux olympiques.
Alors que la préparation des JO de Paris 2024 battait son plein, nous avons eu l’occasion de retourner en visite chez Swiss Timing dans le Jura bernois, six ans après notre précédent reportage datant de 2018 (à retrouver ici), afin de prendre connaissance des évolutions de la spécialité.
- Alain Zobrist, CEO de Swiss Timing
Alain Zobrist, qui gérait le marketing sportif chez Omega avant de rejoindre Swiss Timing et d’en prendre la direction, nous éclaire sur ce point: «Le plus grand changement depuis 2018 a certainement été l’intégration de l’intelligence artificielle (IA), notamment pour la prédiction des performances. Elle nous permet de fournir davantage de données aux athlètes eux-mêmes ainsi qu’aux associations sportives. Swiss Timing est devenue un vrai data center et l’IA nous aide à exploiter toutes ces données.»
Et de partager quelques exemples mis en pratique pour les Jeux de Paris: «Nous sommes désormais capables, à travers le traitement de très nombreuses données, de déterminer les favoris beaucoup plus précisément, mais aussi de livrer des analyses pointues en temps réel durant une course – distance, nombre de pas, vitesse – en les mettant en relation avec les autres athlètes.»
Autre exemple appliqué aux prochains JO: la visualisation de mouvements grâce à l’intelligence artificielle, capable de reconnaître des figures acrobatiques, des temps de réaction ou des accélérations. «La technologie va devenir plus précise que les humains… même s’il y aura toujours des humains aux commandes», prédit Alain Zobrist.
Aujourd’hui, le chronométrage à proprement parler n’est plus qu’un aspect du travail de Swiss Timing. Par exemple, au-delà de leurs temps, l’introduction de systèmes de positionnement et capteurs de mouvements donne la possibilité de visualiser très précisément comment les athlètes parviennent à leurs performances. Les athlètes sont d’ailleurs les premiers «clients» de ces données, qui leur permettent de s’améliorer constamment.
- En cette année olympiques, Omega a notamment présenté une nouvelle Speedmaster Chronoscope de 43 mm aux couleurs des JO de Paris 2024. Celle-ci se distingue par son cadran opalin blanc argenté, sur lequel sont reportées trois échelles de chronométrage gris foncé au design «escargot» des années 1940: une échelle tachymétrique, une échelle pulsométrique et une échelle télémétrique.
«Grâce à l’IA, nous pouvons à présent dessiner une carte complète des raisons pour lesquelles un athlète a gagné ou perdu une compétition, sur toute la durée de celle-ci. Nous utilisons des Large language models pour interpréter leurs performances. Notre titre officiel est celui de chronométreur mais nous allons bien au-delà de la mesure du temps», précise Alain Zobrist.
La nuance est que Swiss Timing ne «détient pas les données, elle les traite». C’est-à-dire qu’elle collecte cet ensemble d’informations pour les diffuser auprès des athlètes, fédérations, jusqu’aux panneaux d’affichages, commentateurs, agences de presse et toutes sortes de médias. Elle a pour cela développé à l’interne des logiciels dédiés.
Au-delà de ces innovations techniques, un avantage concurrentiel important de Swiss Timing est sa maîtrise du chronométrage et de l’analyse de plus de 100 sports (jusqu’au jeu d’échecs par exemple!) – dont une partie seulement sont disciplines olympiques (47 très exactement aux JO de Paris) – car les marques de Swatch Group sont associées à une multitude de sports.
«Dès lors, quand de nouvelles disciplines sont ajoutées aux Jeux, comme récemment le surf, l’escalade de vitesse, le skateboard ou le breakdance, nous sommes déjà prêts car nous avons développé les solutions adéquates», souligne Alain Zobrist.
Derrière le terme de chronométrage se cache finalement bien plus que ce que l’on imagine… A garder en tête lorsque vous suivrez les prochains Jeux!