ricas s’élance d’une foulée élégante sur la piste du Real Club de Polo de Barcelone. C’est le dernier round avant la victoire pour l’étalon bai foncé et son cavalier, le Hollandais Harrie Smolders. Mais la pression est trop forte et le sabot du cheval décroche la barre d’un des obstacles, pénalisant son équipe. Avec douze points, l’Allemagne passe devant et remporte ainsi la finale de la Longines League of Nations, l’une des plus prestigieuses compétitions équestres du monde. En ce dimanche 6 octobre, lancer de fleurs et douche de champagne accompagnent les champions sur le podium.
Si l’événement est le premier de son genre — opposant dans le cadre de la FEI Jumping Nations Cup les dix meilleures équipes du monde dans un format en deux tours — Longines a une histoire ancienne avec le monde équestre. Dès 1912, la manufacture de Saint-Imier lance son premier système de chronométrage sportif électromécanique. Précise au cinquième de seconde et basée sur le système du «coupe-fil», cette nouvelle technique est utilisée pour la première fois dans le concours hippique de Lausanne (juin 1912) et le concours hippique international de Lucerne (juillet 1912). Petite révolution technique, ce système augmente la précision des compétitions en écartant l’activation manuelle du chronographe. Cela permet à Longines de décrocher un premier partenariat sportif lors d’un événement de course de sauts d’obstacles à Lisbonne la même année.
En 1949, le département chronométrage de la marque produit la Chronocaméra, déjà dotée d’un oscillateur quartz, elle offre une précision remarquable. Le chronométrage est livré au centième de seconde de manière automatique, via un dispositif de photographie du temps qui s’imprime automatiquement 4 secondes après que la ligne d’arrivée ait été franchie. Qu’il s’agisse d’un sprint, d’une course équestre, le dispositif rencontre un franc succès dans les stades et les hippodromes. Le Chronocinégine élève d’un niveau cette technologie dont l’écart de marche n’excède pas 2 centièmes de seconde par jour, par la présence d’une caméra 16 mm, qui offre une image animée de la ligne d’arrivée couplée du temps au centième de seconde. En 1956, le développement du «Contifort», instrument de chronométrage muni d’une caméra à fente, souligne d’une ligne blanche l’endroit (le nez du cheval, la roue de vélo) où a été franchie la ligne d’arrivée.
Ce robuste héritage affirme le rôle prépondérant de la marque suisse dans les sports équestres. En 2013, Longines devient le Partenaire Principal, le Chronométreur Officiel et la Montre Officielle de la Fédération équestre internationale (FEI). Aujourd’hui, c’est un système de faisceaux lumineux qui mesure le passage du cavalier et son cheval au départ et à l’arrivée d’une course au millième de seconde près. Ce qui ne signifie pas que la technologie s’arrêtera là, comme le révèle Bernardo Tribolet, vice-président marketing de Longines. Il a accepté de répondre à nos questions depuis les tribunes du Real Club de Polo à Barcelone.
Europa Star: Pouvez-vous revenir sur les raisons pour lesquelles, dès le 19ème siècle et ses premières productions horlogères, Longines s’est spécialisée dans le chronométrage des compétitions équestres? Pourquoi la marque s’est-elle attachée à ce sport plutôt qu’à un autre?
Bernardo Tribolet: D’hier à aujourd’hui, le style de vie autour du monde équestre a toujours été très élégant. La combinaison entre la noblesse du cheval et l’habileté du cavalier, cette synergie et le dévouement à ce sport étaient parfaits pour un monde d’élégance. Le premier chronographe de Longines, datant de 1878, était monté dans un boîtier gravé de l’image d’un jockey et de sa monture. Notre premier partenariat dans un concours de saut d’obstacles a eu lieu à Lisbonne en 1912. Je suis particulièrement ému par cette histoire, car je suis Portugais et je me suis donc immédiatement senti lié à cette marque. Mon oncle était cavalier, j’ai donc vu des montres Longines dès mon plus jeune âge.
Je pense qu’il existe également un lien intéressant entre le monde de l’aviation - auquel la marque est souvent associée - et le monde équestre. Mon oncle, qui était capitaine dans l’armée de l’air, était également cavalier et avait son propre club. Je voyais que tous ses amis pilotes étaient aussi cavaliers. Ces pionniers fous de l’aviation mettaient leur vie en jeu avec les outils dont ils disposaient. La précision était alors une question de vie ou de mort. Je pense que très tôt, Longines a compris la relation entre ces mondes et a produit des instruments spécifiquement pour eux. Il y a aussi les valeurs, la tradition, la performance et la précision. Aujourd’hui, la passion est définitivement un pilier important. Le monde équestre est dans l’ADN de la marque.
De la Chronocamera à la Chronocinegines, vous avez apporté de nombreuses avancées technologiques au chronométrage sportif. Quelles sont les dernières avancées et surtout quels sont les futurs défis technologiques dans ce domaine?
Les derniers développements dans le domaine du saut d’obstacles, qui est l’un des centres d’intérêt de Longines, sont tout d’abord la poursuite du développement de l’amélioration et de l’optimisation de la technologie-mère afin de rendre le chronométrage plus précis et de fournir plus d’informations au public intéressé par ces sports. L’un des principaux attraits de ces événements est de voir la durée totale du chronométrage, la hauteur du saut, etc. Comme pour les compétitions de ski, nous travaillons également sur un système «Ghost equestrian». Il s’agit de la possibilité de voir, en temps réel à la télévision, un cavalier contre ses concurrents, en surimpression sur l’image.
Nous sommes également en train de développer un système de tracking qui fournit toutes les informations nécessaires sur le cheval et le cavalier: la position du cavalier, la longueur du parcours, peut être visualisée et comparée à celle du cavalier de tête. D’une certaine manière, nous progressons pour apporter plus d’émotion et d’animation aux sports. Dans les phases ultérieures, nous pourrons compter les foulées des chevaux, ainsi que la longueur moyenne de la foulée du cheval. Nous pourrons ainsi mesurer la hauteur du saut. Nous pourrions montrer la courbe du saut du cheval. Aujourd’hui, on peut parfois la voir, mais ce n’est qu’esthétique. Cette technologie permettra de mieux comprendre les performances du cheval et du cavalier.
Nous développons également un système de gestion des chevaux utilisant la technologie RFID. Le cheval porte une puce dans sa selle et peut être suivi sur place. Cela permet de savoir où se trouve le cheval à tout moment, en particulier si l’événement se déroule dans différentes arènes.
Comment choisissez-vous les ambassadeurs équestres de Longines? Quelles valeurs humaines et sportives souhaitez-vous mettre en avant à travers ces partenariats?
Nos ambassadeurs doivent refléter les valeurs de la marque: élégance, grande précision, tradition, performance, mais avant tout le témoignage doit être celui d’une personne empathique, à l’égard des autres humains bien sûr, mais surtout à l’égard des chevaux. C’est évidemment un grand sujet aujourd’hui. Le cheval doit toujours être au centre de nos préoccupations. Nous ne nous concentrons pas uniquement sur les athlètes les plus performants, mais nous nous intéressons également aux jeunes qui ont du talent et que nous pouvons aider à progresser dans le sport et, espérons-le, à figurer un jour parmi les meilleurs au monde. Nous les aidons et ils nous aident. C’est une synergie entre les deux parties.
Vous sponsorisez des événements équestres à Dubaï, à Hong Kong et au Japon. Quelle est l’importance des marchés asiatiques et orientaux pour Longines?
La situation actuelle en Chine est assez compliquée. Si nous mettons cela de côté, l’Asie est un marché en pleine croissance. Tous ces marchés sont vraiment pertinents et intéressés par la beauté et le prestige des compétitions équestres. Celles-ci sont bien suivies et nous sommes là pour fournir les meilleures analyses. La tradition de l’équitation et du saut d’obstacles dans ces pays est très vivace. Sur d’autres marchés, nous sommes présents pour leurs premiers pas dans le monde équestre, pour les aider à se développer en termes de compétition. Longines est présente en Grande Chine depuis plus de 150 ans.
Vous avez travaillé chez Swatch pendant dix ans. Aujourd’hui, vous êtes chez Longines, qu’est-ce que cela change pour vous?
Lorsque les gens me demandent pourquoi je suis venu chez Longines, je leur dis que c’est pour cette montre (il dévoile la Conquest Heritage Central Power Reserve, ndlr). Si l’élégance est une attitude, c’est celle-là! Ce garde-temps Longines représente un héritage distinctif. La Conquest Heritage Central Power Reserve est la montre parfaite pour générer des discussions lors d’un dîner, si vous êtes avec vos amis et que quelqu’un vous pose des questions sur ce cadran original, il y a une histoire à raconter. Toutes nos montres ont une histoire incroyable à partager. Longines a été la première à créer une montre-bracelet à double fuseau horaire en 1925, mais également l’inventeur de la lunette tournante et du chronographe flyback. Pour moi, Longines est la marque la plus «suisse». Nos produits sont la parfaite expression du luxe discret. Pas besoin de feux d’artifice pour nous faire voir. Nous préférons opter pour une stratégie «pull» contrairement à une approche agressive «push».