oids lourd de la sous-traitance horlogère suisse, Dubois Dépraz ne cesse d’augmenter ses capacités industrielles. Comptant déjà deux sites au Lieu et une usine à Arch, la société étend désormais ses activités aux Charbonnières sur 1’200 m2 supplémentaires où ont été relocalisés les départements de décoration horlogère, anglage, prémontage et polissage.
La quatrième génération de la famille Dubois dirige aujourd’hui la société de 350 employés. L’objectif à long terme est d’ailleurs on ne peut plus clair: conserver à tout prix une structure familiale!
Spécialisation rapide dans le chronographe
L’aventure a commencé au début du 20ème siècle avec Marcel Dépraz, horloger de métier, fils de boulanger (dont la boulangerie a d’ailleurs été remplacée par un des sites du Lieu!), qui a ouvert son atelier en 1901. Cette entreprise devient rapidement un spécialiste reconnu dans la conception de chronographes. Elle met notamment au point en 1983 le célèbre Calibre 2000, un chronographe qui s’adapte sur tous types de mouvements, mécaniques ou à quartz.
«Même si le Calibre 2000 est plus répandu et abouti, j’ai un coup de cœur pour l’étape de la recherche qui l’a précédé, explique Pierre Dubois, directeur général. Le Calibre 1, lancé en 1969, a été en effet le premier chronographe automatique de Dubois Dépraz.»
1969 et le règne du chrono automatique
Fabriqué en 1969 - une fameuse année de l’exploration spatiale avec le premier homme sur la Lune - ce calibre a été créé pour Heuer, Breiting et Hamilton et il a bousculé les conceptions horlogères alors en cours.
«Historiquement, le Calibre 11 a plus d’importance selon moi car il représente une évolution marquante dans la branche horlogère», poursuit Pierre Dubois. A relever que ce calibre était assemblé sur un mouvement à micro-rotor de la marque Büren, une marque aujourd’hui disparue.
Le tournant «modulaire» des années 1990
Les années 1990 voient quant à elles l’apparition du fameux chronographe Calibre 2000 de Dubois Dépraz, qui équipe de nombreux modèles sur le marché. On peut expliquer son succès non seulement par un rapport qualité-prix séduisant, mais également par le fait que les horlogers ont commencé à cette époque à prendre conscience que l’on pouvait « personnaliser » un chronographe. Au fil des années, on a pu y ajouter par exemple une réserve de marche, un deuxième fuseau horaire, un quantième annuel ou encore un flyback. Il s’agît donc du début de la customisation ou plutôt de la «modularité».
Et demain?
L’innovation se poursuit: le quantième annuel présenté à l’EPHJ cette année en est un bon exemple. En parallèle, Dubois Dépraz veille à préserver le riche patrimoine de «sa» Vallée de Joux. Pierre Dubois précise: «On achète de temps en temps des montres anciennes produites localement, pour la valeur historique qu’elles incarnent pour la Vallée de Joux, ou alors pour des particularités qu’on essaie justement de transposer dans la montre-bracelet.»
Bien des savoirs, notamment ceux d’horlogers extraordinaires tels Louis Benjamin Audemars ou Louis Elisée Piguet, actifs au cours du 19ème siècle, ont malheureusement disparu. Mais heureusement, leurs chefs d’œuvre demeurent.
L’histoire de l’industrie dans cette région est aussi celle d’une miniaturisation progressive. Des horlogers d’Eglises aux horloges murales, puis des horloges de table aux montres de poche avant l’aboutissement de la montre bracelet, l’horlogerie s’est principalement miniaturisée au fil des siècles. «Il se trouve tout de même dans certaines de ces créations horlogères plus anciennes des conceptions originales dont nous pouvons encore tirer parti aujourd’hui! Il nous faut donc les préserver.»
Comme beaucoup dans la Vallée de Joux, Dubois Dépraz oscille entre le splendide héritage des aïeux et la nécessaire innovation technologiques – avec parfois des surprises à la clé! La montre de demain se cache peut-être dans un de ces greniers...