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LES MAISONS INDÉPENDANTES RAFLENT LA MISE

PRIX ET ENCHÈRES

novembre 2017


LES MAISONS INDÉPENDANTES RAFLENT LA MISE

Le Grand Prix d’Horlogerie de Genève et les ventes aux enchères de novembre, dont Only Watch, viennent d’avoir lieu. Que peut-on retenir de ces deux événements quant à l’évolution de l’industrie horlogère? Deux mots: indépendance et chrono...

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n constat cocasse, pour commencer. Comme l’observe astucieusement notre confrère Joël Grandjean, les premières marques mentionnées lors de la cérémonie du Grand Prix d’Horlogerie de Genève ont été Rolex (pour la vente à 17 millions de dollars du modèle Daytona de Paul Newman par le président du jury Aurel Bacs) et Patek Philippe (lors de la remise du prix spécial du jury aux émailleuses Suzanne Rohr et Anita Porchet).

Si elles n’ont pas remporté de prix car ne concourant pas, les deux marques genevoises, imprimées dans l’inconscient horloger universel, sont sorties gagnantes de ces derniers exercices fiscaux. Alors que beaucoup se ruaient poussoirs dehors vers la Chine, elles ont su garder un équilibre stratégique entre l’Asie et les « vieux » marchés de l’Europe et des Etats-Unis. Stratégie qui est le fruit notamment d’une continuité à l’opérationnel qui tranche avec la valse des nominations chez la concurrence. Avoir son destin en mains, c’est quant même bien!

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Le grand vainqueur de cette édition 2017 du Grand Prix d’Horlogerie de Genève est une maison familiale et indépendante, Chopard. Fruit de la patience, sa L.U.C Full Strike lauréate, première montre à répétition minutes de la maison, aura pris... près de deux décennies de développement depuis l’idée originelle, a expliqué sur scène Karl-Friedrich Scheufele. Un projet sur le long terme, comme flottant dans le temps long de l’horlogerie, le temps court étant lié à la sobriété ultra-lisible du chrono vintage, alors que les aiguilles s’étaient auparavant presque effacées derrière les tourbillons.

Une édition assagie, a-t-on eu l’impression. Pour une industrie assagie? Il semble que les marques horlogères aient de plus en plus de mal à suivre le tempo de la mode, qui les oblige à sortir de nouvelles collections et à se « réinventer » sans cesse. Exercice usant. Ne pas s’empresser face à la frénésie des tendances? Au-delà des aspects commerciaux, la mise au concours des montres n’est-elle pas le symbole de cette course effrénée, qui explique aussi la non-participation des deux marques ayant la plus forte empreinte dans l’imaginaire horloger...

Si l’on respecte la chronologie de ce Grand Prix, on remarquera tout de même que toutes les premières montres primées étaient des chronographes. Deux modèles se distinguent, de marques partageant un « esprit » voué au prix accessible (le segment 2’000-5’000 CHF, même si leur mérite n’a guère fait baisser le prix moyen de cette édition), avec la complication la plus accessible couplée à un design rétro particulièrement séduisant, paradoxalement, auprès des jeunes générations: la Longines Avigation BigEye et la Tudor Black Bay Chrono.

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Transition toute trouvée pour aborder l’autre thème fort du moment: la session de novembre des ventes aux enchères horlogères à Genève, dont le point d’orgue est Only Watch. La dernière édition organisée chez Christie’s a recueilli plus de 10 millions de francs pour les 50 garde-temps présentés.

Les maisons indépendantes forment le trio de tête: Patek Philippe avec son modèle chronographe 5208T en titane (adjugé à quelque 6 millions de francs), FP Journe avec son... chronographe Monopoussoir Rattrapante Bleu (plus de 1,1 million de francs), et Audemars Piguet avec sa Royal Oak Perpetual Calendar en céramique noire et cadran bleu (plus de 800’000 francs).

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Alors que les salons régionaux (et internationaux) de montres contemporaines connaissent de plus en plus de difficultés, les ventes aux enchères semblent prendre le pas en tant que lieux de rassemblement privilégiés des collectionneurs. Signe de temps qui changent, où l’on ne s’inspire plus seulement de l’ancien pour choisir ses nouveaux modèles, mais où l’on achète et revend volontiers des montres d’occasion à l’autre bout du monde.

Sans surprise, c’est Phillips qui réalise la meilleure performance automnale, à 23,9 millions de francs. Sans surprise non plus, c’est une Patek Philippe qui se distingue, la Référence 2499 en or à 2,8 millions de francs. Fait marquant, une montre vintage Omega dépasse pour la première fois le million de francs, un modèle tourbillon de 1947. A noter également, du côté de Christie’s, une Patek Philippe «Senza Luna» référence 3448 en or blanc de 1981 qui frôle le million de francs. La manufacture genevoise était également à l’honneur chez Antiquorum, qui renouait avec ses ventes thématiques à travers « The Art of Calatrava », qui a recueilli quelque 8 millions de francs.

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Que retenir de cet automne horloger? Les grandes maisons indépendantes affichent une forme printanière, les collectionneurs consacrent de plus en plus leurs deniers à des modèles vintage... et le chrono continue sa course!