Archives & patrimoine


Lancement de la fondation The Watch Library

PATRIMOINE

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juin 2022


Lancement de la fondation The Watch Library

La fondation The Watch Library a pour mission de numériser et rendre accessibles des centaines de milliers de pages et documents du patrimoine horloger, dans la continuité de la reconnaissance par l’Unesco des savoir-faire en mécanique horlogère.

C

omme les numéros d’Europa Star l’illustrent régulièrement en couvrant un siècle d’histoire de l’horlogerie, la sauvegarde et la valorisation des archives est fondamentale. C’est la raison d’être de la fondation The Watch Library, récemment constituée et reconnue d’intérêt public par la Confédération.

Tradition vivante, sans cesse renouvelée, l’horlogerie s’est en effet construite sur sa capacité à transmettre, constituant ainsi un patrimoine immatériel inégalé. Mais ce patrimoine mondial reste encore à découvrir dans son intégralité. Des siècles d’histoire horlogère demeurent peu accessibles aujourd’hui.

«The Watch Library permet enfin de valoriser des informations transmises et conservées jusqu’à nous par toute une chaîne de personnes, et par là, de faire évoluer – voire renouveler – nos connaissances et discours sur l’horlogerie», relève Laurence Bodenmann, conservatrice de collections horlogères et membre du comité scientifique de la fondation.

Laurence Bodenmann
Laurence Bodenmann

Conservés dans des bibliothèques, parfois oubliés dans des tiroirs ou des greniers de descendants d’horlogers, des centaines de milliers d’archives, pages et documents ne demandent qu’à être révélés, partagés, valorisés mais aussi préservés – et cela grâce aux toutes dernières technologies numériques, dont l’intelligence artificielle. La société spécialisée Arkhênum, qui vient de finir le traitement des immenses archives de la Société des Nations à Genève, a été mandatée pour la numérisation proprement dite.

«The Watch Library offre une formidable opportunité d’apporter une réponse globale au défi colossal de la numérisation du patrimoine documentaire horloger.»

Un article sur la nouvelle fondation paru le 29 mars 2022 dans le New York Times.
Un article sur la nouvelle fondation paru le 29 mars 2022 dans le New York Times.

Démocratisation du savoir

«Préserver la connaissance de l’une des plus belles expressions du savoir-faire humain est une mission qui fait beaucoup de sens aujourd’hui et qui a recueilli une vraie adhésion de la part de nos premiers mécènes et de nos partenaires», souligne Martine Depresle, directrice générale de la fondation, dont le siège se situe à Genève.

Et de préciser: «La plateforme numérique qui accueillera ce vrai Big Data horloger porte une forte ambition technologique, afin de créer une expérience fluide pour l’utilisateur parmi des millions de données. Cela tout en gardant le plaisir de la recherche et de la découverte par sérendipité.» Très concrètement et forte de ses soutiens, la fondation a déjà lancé le prototype de la plateforme, qui sera testé par un premier panel d’utilisateurs.

Ceux-ci sont potentiellement très nombreux: professionnels bien sûr (designers, historiens, journalistes, experts), mais aussi passionnés et collectionneurs, alors que l’horlogerie connaît une euphorie sans précédent autour de l’exploration de son patrimoine.

Pierre-Yves Donzé
Pierre-Yves Donzé

«Il y a une véritable quête d’information fiable relative aux diverses marques de montres, des plus connues comme Patek Philippe jusqu’à des petites marques ayant aujourd’hui disparu.»

Pierre-Yves Donzé, professeur à l’Université d’Osaka et membre du comité scientifique de The Watch Library, donne un exemple: «Au Japon, où cette communauté est très active sur les réseaux sociaux, il y a une véritable quête d’information fiable relative aux diverses marques de montres, des plus connues comme Patek Philippe jusqu’à des petites marques ayant aujourd’hui disparu. The Watch Library contribuera ainsi à une démocratisation du savoir en horlogerie.»

Un article sur la naissance de The Watch Library paru dans Le Temps le 11 février 2022.
Un article sur la naissance de The Watch Library paru dans Le Temps le 11 février 2022.

Fonctionnement collégial

Des institutions de premier plan, qui conservent des milliers de titres, sont représentées dans le Conseil de fondation, comme le Musée International d’Horlogerie (MIH) ou la Horological Society of New York (HSNY). Les relations avec le monde académique s’avèrent également essentielles pour la fondation, comme l’atteste la présence dans son conseil d’Ellan Spero, enseignante au Massachusetts Institute of Technology (MIT).

«The Watch Library offre une formidable opportunité d’apporter une réponse globale au défi colossal de la numérisation du patrimoine documentaire horloger», souligne Régis Huguenin-Dumittan, conservateur du MIH et membre du conseil de fondation.

La reconnaissance des savoir-faire mécaniques horlogers par l’Unesco, actée en décembre 2020, a agi comme un catalyseur de ce projet à la fois universel dans sa portée et inclusif dans son fonctionnement. La structure publique franco-suisse créée suite à cette reconnaissance, «Arc Horloger», siège également au sein de la fondation.

Si la Suisse et la France disposent d’un nombre très important d’archives horlogères sur leur territoire, on trouve également des ressources immenses dans d’autres pays, comme l’Allemagne, l’Italie, le Royaume-Uni, le Japon et les Etats-Unis. La fondation entend aider à fédérer les efforts menés au niveau local en termes de sauvegarde et valorisation du patrimoine, afin de donner une résonance véritablement globale à cet «art» désormais reconnu pour son universalité.

Nicholas Manousos
Nicholas Manousos

La fondation poursuit sa recherche de mécènes supplémentaires: la plateforme, requérant des moyens technologiques de pointe, n’est in fine rendue possible que grâce à un mécénat public et privé, et notamment au soutien actif des acteurs emblématiques de l’industrie horlogère. «Dépassant toutes formes de concurrence, ce projet est porté par l’ensemble de l’écosystème horloger sur le plan international, que cela soit au sein de ses donateurs ou dans sa gouvernance», précise ainsi Martine Depresle.

«Dépassant toutes formes de concurrence, la fondation est portée par l’ensemble de l’écosystème horloger, que cela soit au sein de ses donateurs ou dans sa gouvernance.»

Un projet qui s’avère ainsi à la fois très concret – avec la possibilité pour tout un chacun de se plonger à terme dans les sources premières – mais s’affirme aussi, plus philosophiquement, comme un pont entre générations passées, présentes et futures. Comme le souligne Nicholas Manousos, directeur de la HSNY et membre du conseil de fondation, «The Watch Library nous aidera à mieux appréhender la question du Temps»... Le décompte est lancé.