Archives & patrimoine


La deuxième vie des archives horlogères

ÉDITORIAL

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juillet 2022


La deuxième vie des archives horlogères

Imaginez donc: une nouvelle «Bibliothèque d’Alexandrie» horlogère, accessible en un clic aux journalistes, aux collectionneurs, aux designers, aux historiens, aux passionnés... C’est ce rêve que nous voulons concrétiser via une nouvelle fondation, The Watch Library.

A

force de passer devant les reliures de nos anciennes éditions tapissant les murs de nos bureaux genevois, l’idée est venue naturellement: plutôt que de chercher laborieusement des informations page par page, parmi des milliers de numéros, pourquoi ne pas numériser toutes nos collections depuis les années 1920?

Un moteur de recherche, centralisé, serait après tout bien plus efficace. Et cela n’empêche pas, quand l’envie prend, de feuilleter d’anciens numéros physiques, avec tout le plaisir du toucher et l’odeur du papier vieilli. Le meilleur de deux mondes, tangible et virtuel! Arrêtons donc de tout opposer...

Sans cette numérisation, le numéro célébrant les 95 ans de la maison d’édition fondée par mon arrière-grand-père en 1927, un visionnaire aux multiples casquettes (horloger, éditeur, entrepreneur, voyageur infatigable), aurait été bien plus complexe à réaliser. Nous avons en effet voulu retracer ce qu’était l’horlogerie alors, ce qu’elle est devenue aujourd’hui... et tout ce qui s’est passé entre-temps.

C’est bien une nouvelle vie qu’ont connue nos archives – et à travers elles la mémoire de nos ancêtres, d’ailleurs souvent si «contemporaine» dans notre industrie dont les best-sellers restent des produits imaginés il y a plusieurs décennies.

Quel était donc le paysage horloger en 1927, année de la naissance des éditions qui seront nommées par la suite Europa Star? A bien y regarder, ce monde n’est pas si différent, oscillant entre volonté d’ouverture et protectionnisme, collaboration technologique et lutte contre le piratage des savoirs. Les Années folles n’ont pas encore connu le brutal coup d’arrêt de 1929 qui plongera le monde dans une spirale de conflits.

C’est donc bien une nouvelle vie qu’ont connue nos archives – et à travers elles la mémoire de nos ancêtres, d’ailleurs souvent si «contemporaine» dans notre industrie dont les best-sellers restent des produits imaginés il y a plusieurs décennies. Elles offrent un nouveau regard sur certains événements passés.

Mais nos propres archives ne sont qu’une modeste partie parmi des centaines de milliers, certainement des millions de documents horlogers précieux dispersés dans le monde entier, qui attendent eux aussi de connaître une nouvelle vie. Imaginez donc: une nouvelle «Bibliothèque d’Alexandrie» horlogère, accessible en un clic aux journalistes, aux collectionneurs, aux designers, aux historiens, aux passionnés...

C’est ce rêve que nous voulons concrétiser via une nouvelle fondation constituée avec des partenaires comme le Musée International d’Horlogerie, la Horological Society of New York, Arc Horloger et bien d’autres: The Watch Library, reconnue d’utilité publique par la Confédération, sera un outil de connaissance pour les générations futures.

Car c’est bien la trace que nous laissons sur cette Terre qui comptera pour elles, alors que, nous-mêmes, nous cherchons avec passion des traces du passé, tels des archéologues de l’horlogerie. Puisque nous finirons tous en «archives», autant en soigner la présentation et ne pas les laisser au fond d’une cave! Les générations futures nous en seront certainement reconnaissantes...

Puisque nous finirons tous en «archives», autant en soigner la présentation et ne pas les laisser au fond d’une cave! Les générations futures nous en seront certainement reconnaissantes...