n beau livre est paru cette année à l’occasion des 260 ans de la première montre connue de John Arnold (1736-1799), une bague à répétition miniature présentée au roi George III. C’est la marque contemporaine qui porte son nom, relancée dans les années 1990 et intégrée en tant que manufacture en 2011 (elle est adossée au motoriste réputé La Joux-Perret, au sein de la partie suisse de Citizen Group), qui l’a édité sous le titre «Un siècle de précision horlogère».
Cet ouvrage bilingue, signé Vincent Daveau, a été suivi d’une conférence de l’auteur lors des Geneva Watch Days. Mais sa parution ne marque pas juste une commémoration. Elle signale la volonté de mettre en avant l’héritage d’un horloger du siècle des Lumières dont on redécouvre toujours davantage l’importance parmi les pères de l’horlogerie moderne.
C’est notamment la quête chronométrique qui distingue John Arnrold: même si l’on retient avant tout le nom de John Harrison dans le développement du chronomètre de marine établissant avec précision la longitude - avantage compétitif incontestable pour la marine anglaise - c’est bien lui qui fiabilise et industrialise cet instrument crucial pour son époque (l’un de ses chronomètres accompagnera James Cook).
Avec son fils John Roger, il pose les fondamentaux de l’horloge de précision moderne. Il est d’ailleurs considéré commele premier à avoir adopté le terme «chronomètre» pour parler de précision. Tout à cette quête, il dépose notamment des brevets pour un échappement à détente, un balancier bimétallique et un spiral hélicoïdal. Rencontre avec le directeur de la marque qui porte son nom.
Europa Star: Vous venez de reprendre la direction d’une marque que vous connaissiez déjà de l’intérieur. Quels sont les chantiers ouverts?
Pascal Béchu: Nous avions déjà mené un travail de fond depuis près de quatre ans avec Bertrand Savary. Les chantiers étaient importants: nous avons revu tous les produits, la distribution, le marketing. Nous avons aussi renforcé le storytelling de la marque. Il y a une reconnaissance du travail déjà accompli et nous sommes certainement sur le bon chemin. Mais stratégiquement nous devons encore beaucoup travailler sur la reconnaissance de l’héritage immense de John Arnold, afin que l’on se rende bien compte de son apport et de notre filiation à son œuvre. Nous allons compléter notre musée virtuel, nous enrichirons de nouveau dans le futur le livre que nous avons publié cette année pour les 260 ans et nous mènerons plusieurs autres initiatives en ce sens.
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- Après le jade impérial, la malachite ou l’ambre de la Baltique, Arnold & Son s’empare de la charoïte pour son dernier modèle Double Tourbillon.
A ce sujet, ne vous faudrait-il pas aussi clarifier votre lien avec l’Angleterre? C’est un écosystème qui tend à se structurer, notamment avec la création d’une alliance des horlogers britanniques.
Nous avançons sur la création d’événements qui renforceront ces liens dans les prochaines années. Nous comptons déjà des collectionneurs fidèles sur ce marché et nous souhaitons le développer, à travers des collaborations avec les détaillants actifs dans le pays.
Quid d’une certification chronométrique par l’Observatoire de Greenwich?
Si des possibilités s’ouvrent dans cette direction, nous les étudierons certainement! De même, on trouve déjà plusieurs très belles pièces signées John Arnold et Arnold & Son au British Museum...
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- Le modèle Perpetual Moon 38 Red Gold accueille deux cadrans en série limitée. 88 exemplaires en verre aventurine bleu et 28 pièces d’un gris chaud soleillé joignent leurs éclats à celui de la plus grande des lunes.
Combien de montres produisez-vous par an?
Moins de 1’000 pièces, diffusées à travers 70 points de vente. Il reste des territoires prometteurs où nous ne sommes pas encore présents, je pense par exemple à l’Allemagne ou l’Italie mais aussi au Vietnam et surtout à Dubaï. En Chine, nous avons cinq points de vente, il nous en faudrait encore au minimum deux pour couvrir les principales villes.
Et du côté d’Angelus?
Environ 300 pièces par an, car nous sommes limités par l’allocation de mouvements. La Chronodate représente plus de la moitié des volumes, mais nous sentons une grande traction sur la collection La Fabrique lancée en 2022.
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- Outre Arnold & Son, Pascal Béchu est également à la tête d’Angelus. Ici le modèle Chronodate Titanium, Magnetic Silver Edition.
Vous avez l’avantage d’être adossés à une manufacture, La Joux-Perret, dont les calibres ont été particulièrement recherchés ces dernières années. Comment vous organisez-vous?
La manufacture compte 140 personnes en plus d’une dizaine de personnes travaillant exclusivement sur les marques. Mais si l’on compte tous les employés qui se dédient à Arnold & Son et Angelus au sein de la manufacture, dont six horlogers, nous arrivons à un équivalent plein temps de 30 à 35 personnes.
Qui vous remplace à la direction des ventes?
Dimitri Aubert, qui travaillait précédemment chez Breguet et bénéficie d’une grande expérience internationale au sein de maisons prestigieuses. Notre Directeur Produit, David Apothéloz, avait lui aussi déjà eu l’occasion de travailler avec lui. Nous sommes tous les quatre - avec notre directrice marketing - à peu près du même âge, comptant 25 à 30 ans d’expérience en horlogerie, tendus vers les mêmes objectifs, et nos réseaux se complètent de manière très efficace.