a symbolique des chiffres est imparable et semble particulièrement chère aux yeux de Bulgari: 1,80 mm d’épaisseur pour le huitième record du monde obtenu par l’Octo Finissimo («octo» signifiant huit en latin), un modèle à huit facettes. Voici donc l’Octo Finissimo Ultra (à huit brevets), la huitième limite franchie dans l’ultra-fin par le joaillier romain, qui a fait une percée impressionnante en horlogerie et y a gagné ses lettres de noblesse en une décennie. 2022 marque d’ailleurs le dixième anniversaire de la série Octo. «C’est la concrétisation d’un rêve qui paraissait impossible: celui qui garantit que Bulgari sera désormais pour toujours reconnue comme une marque ayant écrit certaines des plus glorieuses pages de l’horlogerie suisse», relève son CEO Jean-Christophe Babin.

Au-delà des chiffres et de la symbolique, l’Octo Finissimo Ultra est surtout l’aboutissement d’un patient travail de quête mécanique et d’appropriation d’un savoir-faire de pointe dans le domaine de l’ultra-fin – un domaine qui était jusqu’alors la chasse gardée de quelques autres marques. Preuve que l’horlogerie n’est pas un art «endormi», même à l’heure du néo-vintage, et que tout champion actuel peut encore se voir dépasser en créativité et en ingénierie.

Après sept records du monde consécutifs, voici le huitième: l’Octo Finissimo Ultra, qui ouvre une nouvelle ère d’ultra-finesse, à 1,80 millimètres. Pas moins de huit brevets ont été déposés (montage de glace, structure de barillet, module d’oscillateur, affichage différentiel, structure modulaire, bracelet, carrure-platine-fond bimétal, software).

Le modèle est la preuve que l’horlogerie n’est pas un art «endormi», même à l’heure du néo-vintage, et que tout champion actuel peut encore se voir dépasser en créativité et en ingénierie.

Faire d’un mouvement une montre

«Notre but n’était pas d’entrer sur le territoire d’autres marques mais d’appliquer l’esprit du design italien à l’horlogerie suisse, précise Antoine Pin, directeur de la division horlogère de Bulgari. Et l’élégance dans la mode italienne, c’est la finesse, avec des matières proches du corps. Avec l’Octo Finissimo, c’est comme si le centre de gravité de notre horlogerie était passé de l’autre côté de la frontière. Mais on ne peut pas juste «aplatir» une montre, bien sûr – il fallait tout repenser!»

Le directeur artistique de la marque, Fabrizio Buonamassa Stigliani, confirme: «Pour arriver à de telles dimensions, nous avons déstructuré la montre. La clé pour y parvenir, cela a été de faire du mouvement lui-même la montre. C’est toujours une Octo avec sa forme octogonale mais le mouvement fait office de cadran et fusionne complètement avec la carrure.»

Travailler sur la «tête» de la montre n’était pas suffisant – il a aussi fallu parvenir au bracelet le plus fin possible, pour éviter un décalage entre les deux éléments. L’un des défis les plus délicats a été de ramener les dimensions de la boucle déployante au niveau de celles du bracelet: «La boucle doit être visible mais intégrée, poursuit Fabrizio Buonamassa Stigliani. Depuis dix ans, nous avons constamment demandé à nos fournisseurs de descendre en taille. C’était un travail de longue haleine, mais sans contraintes un designer s’ennuie!»

L’Octo Finissimo Ultra utilise le fond du boîtier en guise de platine sur laquelle viennent s’intégrer les 170 composants du calibre BVL 180. La volumétrie des maillons du bracelet a également dû être totalement repensée puisqu’avec 1,80 mm d’épaisseur, ils s’intègrent parfaitement dans le prolongement de la finesse du boîtier, mais sont deux fois plus fins qu’un bracelet Octo Finissimo ordinaire. La boucle déployante a aussi dû être conçue selon des paramètres nouveaux.

«La clé a été de faire du mouvement lui-même la montre. C’est toujours une Octo avec sa forme octogonale mais le mouvement fait office de cadran et fusionne complètement avec la carrure.»

Bulgari a travaillé main dans la main avec le bureau technique Concepto pour réaliser l’Octo Finissimo Ultra. «Le brief originel, c’était d’arriver sous les 2 mm d’épaisseur, en pouvant remonter la montre et la mettre à l’heure manuellement, sans devoir recourir à un outil, explique Philippe Saltarski, Development & Quality Assurance Director. Mais surtout de produire une montre que l’on puisse réellement porter et non une montre-concept.»

Un travail qui a démarré avec le choix de l’affichage de type régulateur. «Pour bien la distinguer d’un modèle à quartz, nous tenions à intégrer la seconde et sa cadence, et pas juste l’heure ou la minute, poursuit Philippe Saltarski. Sa particularité est qu’elle est affichée à 7 heures et demi, directement sur la roue de seconde. Si l’on ne pouvait pas tout empiler, il fallait en effet décomposer les fonctions – tout en restant sur un diamètre de 40 mm. Un mécanisme de différentiel permet de faire la mise à l’heure sans perturber le rouage de finissage.»

Le choix des matériaux a également été crucial – soit des matières suffisamment rigides sans être cassantes malgré la finesse du modèle. Les horlogers de Bulgari ont finalement opté pour un boîtier en titane sablé et une platine en carbure de tungstène avec un traitement DLC anthracite. «Nous avons essayé beaucoup d’associations, souligne Philippe Saltarski. Dans cette configuration, le titane, combiné avec de la colle souple pour assembler les composants, permet d’absorber les chocs éventuels.»

De Finissimo à Piccolissimo... et aux NFT

Et pour la suite? Bulgari fêtera ses 140 ans en 2024 – verra-t-on de nouveaux records tomber d’ici là? Une nouvelle voie de développement, tout juste ouverte (lire notre article) est le mouvement Piccolissimo. Bulgari passe de la finesse à la miniaturisation la plus extrême, ce qui lui permet désormais de rééquiper ses Serpenti d’un calibre mécanique. «C’est à une nouvelle forteresse horlogère que nous nous attaquons, s’exclame Antoine Pin. La question que nous nous posons toujours, c’est comment créer l’horlogerie du futur. Ne serait-ce que se poser cette question, c’est déjà se donner une direction.»

Philippe Saltarski souligne de son côté le travail mené sur les montres à sonnerie, autre voie de développement pour l’horloger italo-suisse. «L’Ultra est peut-être notre dernier record à ce jour, mais c’est aussi le début d’une nouvelle aventure, celle de l’hybridation entre physique et virtuel, relève pour sa part Fabrizio Buonamassa Stigliani, en se référant à l’intrigant code QR gravé sur le rochet de barillet du modèle. Celui-ci est lié à un NFT, marquant l’entrée de Bulgari sur ce territoire. «Pour la première fois, un code QR devient à la fois esthétique et fonctionnel!»

A travers le QR gravé sur le rochet de barillet, Bulgari entre dans le monde des NFT et de la blockchain. Chacune des 10 Octo Finissimo Ultra est livrée avec un NFT individuel qui garantit le caractère authentique et unique de la montre et offre à chacun des possesseurs l’accès exclusif à un univers digital dédié.

«Pour la première fois, un code QR devient à la fois esthétique et fonctionnel!» Celui-ci remplace le traditionnel numéro de référence. Mais il donne aussi accès à une nouvelle dimension artistique.

Le code QR remplace le traditionnel numéro de référence. Mais il donne aussi accès à une nouvelle dimension, précise Antoine Pin: «Nous ne sommes pas nés dans la blockchain, nous y faisons nos premiers pas et découvrons de l’innovation et des opportunités à saisir. Nous étions prêts à nous y engager, à condition de maintenir un lien entre l’objet physique et l’univers virtuel.»

Plus précisément, le code QR donne accès à un certificat de propriété, garant de la traçabilité, mais aussi à une œuvre d’art digitale – une courte animation propre à chacune des dix éditions de l’Octo Finissimo Ultra. «Nous avons rejoint le consortium Aura autour de la blockchain il y a plusieurs années déjà, mais nous avons adopté, grâce à l’intuition du code QR, une manière concrète de faire dialoguer la mécanique horlogère avec le numérique», explique Massimo Paloni, Chief Operating Officer de Bulgari.

Celui-ci poursuit: «Nous abordons toute innovation dans l’idée de générer une expérience supplémentaire, alignée avec les valeurs de la marque – soit intemporelle, élevée, sophistiquée. Or, dans le monde des NFT, l’expérience de l’utilisateur est souvent très mauvaise. Nous voulions conserver l’essence première de cette technologie, qui est d’assurer de la rareté dans un monde de copies, ainsi qu’une connexion directe entre le créateur et le client. C’est notre propre interprétation de cette nouvelle technologie et nous avons créé quelque chose d’unique pour cet anniversaire unique.»

LES 10 ANS DE L’OCTO

2012 OCTO L’ORIGINALE BVL 193

2014 OCTO FINISSIMO TOURBILLON MANUEL 1er record du monde BVL 268 – 1,95 mm

2016 OCTO FINISSIMO RÉPÉTITION MINUTES 2ème record du monde BVL 362 – 3,12 mm

2017 OCTO ROMA BVL 191

2017 OCTO FINISSIMO AUTOMATIQUE 3ème record du monde BVL 138 – 2,23 mm

2018 OCTO FINISSIMO TOURBILLON AUTOMATIQUE 4ème record du monde BVL 288 – 3,95 mm

2019 OCTO FINISSIMO CHRONOGRAPHE GMT AUTOMATIQUE 5ème record du monde BVL 318 – 3,30 mm

2020 OCTO FINISSIMO TOURBILLON CHRONOGRAPHE SQUELETTE AUTOMATIQUE 6ème record du monde BVL 388 – 3,50 mm

2021 OCTO FINISSIMO Calendrier Perpétuel 7ème record du monde BVL 305 – 2,75 mm

2022 OCTO FINISSIMO ULTRA 8ème record du monde BVL 180 – 1,80 mm

CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES

Mouvement

Mouvement mécanique de manufacture ultra-fin à remontage manuel, Calibre BVL 180 mesurant seulement 1,50 mm d’épaisseur, roues de remontage et de mise à l’heure en acier inoxydable; indication de la seconde directement sur la roue de seconde, rochet gravé d’un code QR unique lié à une œuvre NFT exclusive. Réserve de marche de 50 heures; fréquence de 28’800 alt/h (4 Hz).

Boîtier et cadran

Boîtier en titane sablé et platine en carbure de tungstène avec traitement DLC anthracite, 40 mm, 1,80 mm d’épaisseur; cadran avec compteurs heures et minutes, aiguilles PVD noir; étanche jusqu’à 10 mètres.

Bracelet

Bracelet ultra-fin en titane avec boucle déployante intégrée.

Edition limitée à 10 exemplaires