Ceux qui innovent


La Joux-Perret, sur tous les fronts

novembre 2025


La Joux-Perret, sur tous les fronts

Après avoir relancé la bataille du quartz en proposant sa solution à énergie solaire, La Joux-Perret mène aussi un développement au pas de charge sur le mouvement mécanique, avec l’annonce de la sortie prochaine d’un nouveau calibre à réserve de marche étendue, précision supérieure au COSC et protection paramagnétique. Entretien avec Jean-Claude Eggen, CEO de La Joux-Perret.

J

uste avant l’été, nous avons eu la chance de découvrir le bel appareil industriel de La Joux-Perret à La Chaux-de-Fonds. Et comme nous l’écrivions dans ces mêmes colonnes il y a deux ans exactement, le motoriste a connu une «vigoureuse reprise en main» depuis la nomination de Jean-Claude Eggen comme CEO en 2020.

En plein Covid, le dirigeant a conçu un plan de bataille pour La Joux-Perret qui a porté ses fruits, avec la multiplication des volumes de production en tirant parti du rebond rapide de la demande.

Les atouts sur lesquels il a misé sont une offre de mouvements de base au rapport qualité-prix enviable, en commençant par le G100, un automatique 3 aiguilles date suivi du G200 (+/- 3 secondes/jour), et l’ouverture à tous les acteurs de l’écosystème horloger, des grandes marques aux PME innovantes, ainsi qu’un accent particulier sur la réserve de marche, qui a remis cet enjeu au cœur des débats dans le monde du mouvement. Notre entretien.

Europa Star: Quels sont vos axes de travail prioritaires aujourd’hui dans le développement de vos mouvements?

Jean-Claude Eggen: Pour nous, les défis se résument en trois mots: réserve de marche, précision et paramagnétisme. Cela se traduit concrètement par des mouvements offrant une autonomie allongée, une précision supérieure aux normes actuelles et une résistance accrue aux champs magnétiques. À cela s’ajoute un projet d’augmentation de la période de garantie en plusieurs étapes.

Calibre La Joux-Perret G200
Calibre La Joux-Perret G200

De fait, la réserve de marche est devenue pour vous un argument central dans votre offre de produits. Sur ce sujet, vous avez fait bouger les lignes…

Absolument. Lorsque nous avons commencé à travailler sur des réserves de marche étendues, personne ne voulait vraiment bouger. Aujourd’hui, tout le monde cherche à offrir plus d’autonomie. Nous avons initié cette tendance et nous continuons d’optimiser. Mais attention: au-delà de 80 heures, l’utilité est plus discutable. Un weekend de 60-65 heures reste une cible très pertinente.

Calibre La Joux-Perret L200
Calibre La Joux-Perret L200

Que pouvez-vous nous partager sur vos autres mots-clés, précision et paramagnétisme?

Nous lançons de nouveaux mouvements trois aiguilles dont la précision dépasse les standards COSC. Nous poussons d’ailleurs le COSC à définir de nouvelles normes plus exigeantes. C’est essentiel pour que le client perçoive la valeur ajoutée de nos innovations. En parallèle, nous intégrons des spiraux, roues d’ancre et ancres paramagnétiques pour des gammes de prix raisonnables, ce qui va créer une vraie concurrence. Jusqu’ici, seuls quelques motoristes haut de gamme proposaient ce niveau technique, mais à des prix plus élevés.

La Joux-Perret, sur tous les fronts

Et côté quartz? Cela a été une surprise de vous voir, il y a quelques années, entrer dans ce champ de bataille!

Nous développons uniquement du quartz solaire. Nous en sommes déjà au cinquième mouvement, et la demande est forte. Le quartz représente déjà près de 20% de nos ventes. En réalité, c’est un produit qui doit être réinventé car il n’a plus fondamentalement bougé depuis les années 1970 et 1980. Et à l’époque, il se basait sur des architectures connues dans le mouvement mécanique. Si vous demandiez à un ingénieur de fabriquer aujourd’hui un mouvement quartz, il procéderait complètement différemment!

C’est un segment stratégique, car les motoristes concurrents sur le quartz ont réduit leurs références tout en augmentant leurs prix. Nous proposons donc un produit unique, certes plus coûteux qu’un quartz classique mais offrant une vraie valeur ajoutée. Le solaire attire de nouveaux clients, sans cannibaliser nos mouvements mécaniques.

Vous insistez beaucoup sur l’industrialisation. Pourquoi?

Parce qu’un tourbillon en série limitée, on peut toujours le finaliser manuellement. Mais produire des volumes conséquents, avec une même exigence de qualité standardisée, cela demande une véritable infrastructure industrielle. Nous avons beaucoup investi dans le garnissage, le prémontage, la fabrication de mobiles et de ponts. Ce travail en profondeur a rehaussé la qualité de toute notre production, qu’il s’agisse du mécanique ou du quartz.

La Joux-Perret, sur tous les fronts

Quels jalons concrets peut-on attendre chez La Joux-Perret?

L’an prochain, nous sortirons un nouveau mouvement mécanique avec réserve de marche étendue, précision supérieure au COSC et un premier niveau de protection paramagnétique. C’est complexe, mais nécessaire pour rester à la pointe.

Malgré le contexte macro-économique, vous semblez confiants.

Nous restons prudents, mais oui, confiants. Les difficultés touchent certains marchés ou segments, mais nous avons diversifié nos clients. Nous n’avons pas vocation à croître démesurément, mais à proposer la technologie la plus efficace, sans arrogance et sans compromis sur la qualité.