e premier jour, mon site a eu 37’000 visites. Je m’attendais à vendre deux ou trois montres, or j’en ai écoulé près de quarante ce jour-là!» Nicolas Hildenbrand, 37 ans, est encore secoué par les débuts tonitruants de son initiative, consistant à vendre des garde-temps à crédit sur internet.
Une pratique répandue aux Etats-Unis sur des plateformes horlogères de deuxième main comme True Facet (lire notre article ici) ou WatchBox (lire ici), mais inédite en Suisse. D’autant plus sur des modèles neufs, qui constituent la majorité de l’assortiment d’un millier de montres sur le site Watchdreamer, lancé en novembre 2018.
«Je m’attendais à vendre deux ou trois montres, or j’en ai écoulé près de quarante le premier jour!»
- Nicolas Hildenbrand, fondateur de Watchdreamer
Eviter le prix cassé
Actif jusque-là dans l’entreprise familiale de commerce de vins, Nicolas Hildenbrand a eu le nez fin! Aujourd’hui son site vend régulièrement une dizaine de montres en une seule journée, à un prix moyen de 10’000 francs. La marque la plus recherchée est – sans surprise – Rolex. Tous les clients de Watchdreamer ont jusqu’à présent opté pour l’achat à crédit.
«De moins en moins de personnes peuvent se permettre de dépenser 5’000 francs d’un coup pour une montre, souligne l’entrepreneur. Mais de plus en plus de monde est intéressé à payer 150 francs par mois si on leur en donne l’occasion. Notre système permet de toucher une nouvelle clientèle sans faire du prix cassé ou du déstockage.»
«De moins en moins de personnes peuvent se permettre de dépenser 5’000 francs d’un coup pour une montre.»
L’initiative commence même à intéresser directement des marques horlogères. L’entrepreneur a déjà reçu des sollicitations, notamment de la part de maisons lançant leur propre activité de certified pre-owned, un créneau en vogue. Alors que la vente de neuf stagne, le marché secondaire est en plein «boom». Si les maisons de luxe peuvent craindre pour leur image de marque de proposer (dans l’immédiat) un système de leasing, passer par un intermédiaire comme Watchdreamer pourrait s’avérer payant.
- Capture d’écran du site de Watchdreamer
Un prêt sans intérêt
«Alors que le marché horloger est truffé de rabais, notre volonté est de vendre à prix plein mais en flexibilisant le mode de paiement», insiste Nicolas Hildenbrand. Celui-ci va encore plus loin dans cette logique puisqu’il est en train d’introduire, avec un partenaire, une possibilité de prêt jusqu’à 10’000 CHF à... 0% d’intérêt!
N’est-ce pas risqué? «La dette est gérée par notre partenaire, avec qui nous partageons la marge sur la vente, répond le Vaudois. Nous sommes prêts à diminuer nos marges pour assurer plus de volume.»
Devant le succès de son initiative, le plus gros défi logistique pour Nicolas Hildenbrand est le réapprovisionnement de sa société en montres neuves. Pour cela, il collabore avec un réseau de détaillants en Suisse qui ne disposent pas de leur site de e-commerce – sachant que les manufactures mettent souvent un frein à leur volonté de développer leur propre plateforme en ligne. Si les marques entrent directement en scène, une toute nouvelle étape s’ouvrira pour cette startup à suivre.