Le marché horloger américain


Couture: l’horlogerie de luxe à Las Vegas

ÉTATS-UNIS

English
août 2018


Couture: l'horlogerie de luxe à Las Vegas

Dans la foulée de la restructuration massive opérée par Baselworld, ce sont tous les salons horlogers qui sont sommés de repenser leur mode de fonctionnement. La foire Couture.Time de Las Vegas semble quant à elle plutôt bien tirer son épingle du jeu. Il faut dire que les marques insistent toujours plus sur les «événements locaux». Est-ce lié? Trois questions à Gannon Brousseau, le responsable du salon.

C

’est un salon feutré, où l’horlogerie occupe toute une aile de l’hôtel Encore de Las Vegas. Un environnement parfait pour le luxe horloger, qui est cependant à Couture en minorité face à la joaillerie. D’où la création d’un «événement dans l’événement», Couture.Time, dédié aux marques de montres. Alors que son rival de toujours JCK se concentre davantage sur un environnement plutôt entrée à moyen de gamme, le salon Couture est devenu le rendez-vous de l’horlogerie de luxe durant la «Jewelry Week» qui a lieu chaque année début juin dans la ville du Nevada.

Les hôtels Encore et Wynn accueillent en juin le salon Couture/Couture.Time à Las Vegas
Les hôtels Encore et Wynn accueillent en juin le salon Couture/Couture.Time à Las Vegas

Des poids lourds comme Longines ou Omega, TAG Heuer ou Tudor, et des marques indépendantes comme Oris ou Raymond Weil, Eberhard & Co ou encore Mühle-Glashütte étaient présents, pour rencontrer leurs détaillants et distributeurs (il s’agit d’un événement professionnel, sur invitation seulement) et surtout pour tenter de mieux cerner ce marché américain qui reste d’un poids imposant pour le luxe, mais qui a connu de fortes difficultés ces trois dernières années, passant de 2,4 à 2 milliards de francs d’exportations annuelles de montres suisses (voir les chiffres de la FH ici).

Couture: l'horlogerie de luxe à Las Vegas

Présent durant le salon, Europa Star a rencontré le responsable de Couture et Couture.Time, Gannon Brousseau.

Couture: l'horlogerie de luxe à Las Vegas

Quel bilan tirez-vous de l’édition 2018 du salon, qui s’est tenue en juin?

Cette édition a été bonne avec une fréquentation en hausse et surtout – c’est le plus important – un enthousiasme accru et un meilleur état d’esprit. Nous avons notamment accueilli beaucoup plus de détaillants internationaux. Ce que je note en particulier aussi, c’est que les marques ont davantage de temps pour passer un moment de qualité avec leurs partenaires. C’est l’une des valeurs fortes de notre événement.

Couture: l'horlogerie de luxe à Las Vegas

Le plus grand salon horloger du monde, Baselworld, est en difficulté. Il vient de subir le départ du Swatch Group. Quel impact cet affaiblissement de la foire de Bâle a-t-il sur vous?

Ce que nous avons observé ces dernières années, c’est que de moins en moins de détaillants américains faisaient le déplacement à Bâle. Bien que nous ne concurrencions pas Baselworld, nous offrons aux marques un bel environnement pour la concrétisation de leurs affaires avec leurs partenaires. Et comme les manières d’introduire de nouveaux produits ont changé, nous encourageons les marques à présenter certaines nouveautés au salon Couture Time – et c’est encore mieux lorsque ce sont des éditions spéciales pour les Etats-Unis! Sur le plan stratégique c’est astucieux, tant vis-à-vis des détaillants que des médias!

«Comme les manières d’introduire de nouveaux produits ont changé, nous encourageons les marques à présenter certaines nouveautés au salon Couture Time»

Couture: l'horlogerie de luxe à Las Vegas

Aux Etats-Unis encore plus qu’ailleurs, les modes de consommation changent, en particulier avec l’entrée dans les mœurs du e-commerce. Bien des détaillants ont dû mettre la clé sous la porte... Quel regard portez-vous sur l’évolution des réseaux de distribution horlogers américains, en tant que salon B to B?

La consolidation de la distribution horlogère continue de dérouler ses effets. Ceci dit, je suis absolument convaincu que les boutiques physiques vont demeurer le corner stone de la distribution horlogère.

Mais ce qu’il faut maintenant, c’est vraiment fournir la meilleure expérience possible. C’est d’ailleurs valable pour nous aussi, en tant que salon: c’est pourquoi nous essayons d’interagir toujours davantage avec notre communauté, notamment à travers des sessions de réflexion organisées durant la foire. Nous avons aussi noué un partenariat avec le groupe de collectionneurs RedBar (lire l’interview de son co-fondateur Adam Craniotes ici) pour attirer des connaisseurs, même si nous restons avant tout un salon professionnel. Notre communauté s’étend bien au-delà des seules dates du salon!

«La consolidation de la distribution horlogère continue de dérouler ses effets. Ceci dit, je suis absolument convaincu que les boutiques physiques vont demeurer le corner stone de la distribution horlogère.»