Joaillerie et horlogerie


Van Cleef & Arpels: le beau destin du Lesotho Legend

JOAILLERIE

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octobre 2022


Van Cleef & Arpels: le beau destin du Lesotho Legend

Ce diamant brut exceptionnel de type IIa et d’un poids de 910 carats a été découvert en 2018. Il a donné lieu à l’une des plus extraordinaires collections de haute joaillerie qui soit - Legend of Diamonds - signée Van Cleef & Arpels.

L’

histoire de tous les grands joailliers s’est écrite au fil des découvertes des gemmes les plus extraordinaires. Celle de Van Cleef & Arpels a débuté en 1906 et depuis ses origines, des pierres d’exception se sont retrouvées dans ses ateliers. En 1921, lors d’une exposition-vente, la maison présentait par exemple un collier serti du Prince Edward of York, un «brillant poire» de plus de 60 carats découvert en 1894 dans la mine de Kimberley, en Afrique du Sud. Un joyau qui attirait les foules devant les vitrines de la boutique de la place Vendôme!

Collier serti du Prince Edward of York, un «brillant poire» de plus de 60 carats découvert en 1894 dans la mine de Kimberley
Collier serti du Prince Edward of York, un «brillant poire» de plus de 60 carats découvert en 1894 dans la mine de Kimberley

Il y eut aussi le Blue Heart, un diamant bleu taille cœur de 31 carats découvert en Afrique du Sud en 1908 et acquis par Van Cleef & Arpels en 1953, ou encore ce diamant rose taille coussin de 34,64 carats emporté aux enchères en 1960 et baptisé Princie. «Toute ma vie j’ai cherché un diamant rose, dès que j’ai su qu’il y en avait un à vendre, j’ai couru le voir, c’était à Londres, mais, croyez-moi, je serais allé aussi bien aux Indes, en Chine, au fin fond de l’Afrique ou de l’Amérique», confiait alors Louis Arpels à la presse.

Blue Heart, un diamant bleu taille cœur de 31 carats découvert en Afrique du Sud en 1908 et acquis par Van Cleef & Arpels en 1953
Blue Heart, un diamant bleu taille cœur de 31 carats découvert en Afrique du Sud en 1908 et acquis par Van Cleef & Arpels en 1953

Le diamant Blue Heart, vers 1953
Le diamant Blue Heart, vers 1953

En décembre 1964, lors d’une vente chez Sotheby’s à Londres, Jacques Arpels a acquis un diamant historique ayant appartenu au Trésor de la Couronne de France: Le Mazarin de 30,58 carats. Il y en eut d’autres, bien sûr. Au fil des ans, l’histoire de Van Cleef & Arpels s’est agrémentée de nouvelles acquisitions, donnant naissance à de nouveaux chapitres, jusqu’au dernier qui fut dévoilé en juillet dernier: le Legend of Diamonds - 25 Mystery Set Jewels.

Pierre Arpels présentant le diamant Princie en 1960 à la Maharani de Baroda
Pierre Arpels présentant le diamant Princie en 1960 à la Maharani de Baroda

Une pièce maîtresse

Tout a commencé en 2018, très exactement, avec la découverte d’un diamant baptisé le Lesotho Legend qui pesait 910 carats. Le verbe «peser» est à l’imparfait car entre-temps, cette gemme extraordinaire a été transformée, coupée et taillée en plusieurs diamants. C’est le fameux diamantaire Taché qui a fait part de l’existence de cette pierre à Van Cleef & Arpels, avec qui il est lié de longue date. Selon CNBC, il fut vendu 40 millions de dollars en mars.

Le diamant baptisé le Lesotho Legend, pesant 910 carats et découvert en 2018, a été taillé en plusieurs pièces pour constituer la nouvelle collection de haute joaillerie de Van Cleef & Arpels.
Le diamant baptisé le Lesotho Legend, pesant 910 carats et découvert en 2018, a été taillé en plusieurs pièces pour constituer la nouvelle collection de haute joaillerie de Van Cleef & Arpels.
©IlanTaché

Il s’agit du cinquième diamant brut le plus important en dimensions et en qualité jamais extrait. Outre sa couleur D parfaite, il s’agit d’un diamant type IIa, les plus purs, les plus rares et les plus recherchés: seuls 1 à 2% des diamants extraits dans le monde sont de type IIa. En effet, tous les diamants comportent des impuretés atomiques et la plus commune est l’azote, qui donne au diamant une couleur. Les diamants de type II n’en comportent quasiment pas et sont considérés comme incolores. Le Lesotho Legend s’inscrit dans une lignée prestigieuse de diamants de type IIa qui compte notamment le Régent, l’Etoile du Sud, le fameux Cullinan ou encore le légendaire Koh-I-Noor, qui avait été extrait dans les mines indiennes de Golconde, aujourd’hui épuisées.

Il s’agit du cinquième diamant brut le plus important en dimensions et en qualité jamais extrait. Outre sa couleur D parfaite, il s’agit d’un diamant type IIa, les plus purs, les plus rares et les plus recherchés: cela concerne seuls 1 à 2% des diamants.

Van Cleef & Arpels: le beau destin du Lesotho Legend
©Van Cleef & Arpels SA - 2022 par Marc de Groot

Cette gemme est issue de la mine de Letseng, situé dans les montagnes Maluti au Lesotho, connue pour avoir vu émerger certains des plus gros diamants, comme le Lesotho Promise, trouvé en 2006 qui pesait 603 carats ou encore le Letseng Star, de 550 carats. Cette mine à ciel ouvert est la propriété de Gem Diamonds et du gouvernement du Lesotho. Depuis la découverte du Lesotho Legend un projet communautaire a été mis sur pied et des sommes ont été allouées pour bénéficier aux communautés affectées par la mine.

Van Cleef & Arpels: le beau destin du Lesotho Legend
Photo: Marc de Groot collection Legend of diamonds 2022 ©Van Cleef & Arpels

Une première pour Van Cleef & Arpels

Afin de tirer le meilleur parti de ce brut, Van Cleef & Arpels et la société Taché ont fait appel à Diamcad, un diamantaire réputé basé à Anvers. Grâce à des analyses poussées, l’entreprise a été à même de tailler dans ce brut quelques gros diamants de toute beauté: l’un de 79,35 carats, un autre de 31,24 carats ou encore celui de 25,06 carats.

Van Cleef & Arpels: le beau destin du Lesotho Legend
©Van Cleef & Arpels SA - 2022 par Marc de Groot

«La maison travaille peu à partir de pierres brutes. Nous partons traditionnellement de pierres taillées et facettées, déjà propres à l’usage en joaillerie. C’est donc la première fois depuis plusieurs décennies que nous accompagnons un projet de son point de départ – l’extraction de la pierre – à la finalisation d’une collection de Haute Joaillerie. L’apparition de ce brut extraordinaire nous a apporté cette occasion unique de raconter une histoire autour du diamant», note Nicolas Bos, Président de Van Cleef & Arpels (lire également notre récent entretien).

Van Cleef & Arpels: le beau destin du Lesotho Legend
©Van Cleef & Arpels SA - 2022 par Marc de Groot

Les diamantaires ont utilisé la technologie 3D pour envisager les diamants en devenir au cœur de la pierre. Il aura fallu un an pour obtenir une cartographie idéale avant de commencer à sectionner le brut et d’en faire jaillir les pierres. Le Lesotho Legend a donné naissance à un ensemble de 67 diamants totalisant 441 carats.

Le Lesotho Legend a donné naissance à un ensemble de 67 diamants totalisant 441 carats.

L’avantage de partir d’une pierre brute, c’est de pouvoir obtenir des pierres de la forme et du volume souhaités. Le résultat - la collection présentée en juillet dernier à Paris - est une histoire d’alchimie où plusieurs facteurs entrent en ligne de compte: les diamantaires, les diamants, les autres pierres précieuses, les dessinateurs, l’histoire et le savoir-faire de la maison.

«Le développement de Legend of Diamonds a duré environ quatre ans, depuis le moment où nous avons rencontré la pierre brute jusqu’à la sortie des pièces. J’en suis très fier. Je pense que nous sommes parvenus à montrer, à travers le travail de toutes les équipes de la maison, qu’un diamant exceptionnel pouvait être le point de départ d’une collection étonnante qui fera date dans l’histoire de Van Cleef & Arpels», souligne Nicolas Bos.

Utilisation du serti mystérieux

La collection Legend of Diamonds issue de ce brut compte 25 pièces, toutes conçues de manière à sublimer chaque diamant, grâce notamment à l’utilisation d’un des savoir-faire les plus emblématiques de la maison: le fameux serti mystérieux, une technique de sertissage brevetée en 1933. Son secret? Des sillons sont creusés dans la culasse de chaque gemme afin qu’elles puissent être glissées et ajustées dans des rails en or.

Le fameux serti mystérieux de Van Cleef & Arpels, une technique de sertissage brevetée en 1933
Le fameux serti mystérieux de Van Cleef & Arpels, une technique de sertissage brevetée en 1933

Le résultat s’apparente à un tapis de pierres précieuses, sans aucune griffe apparente. Ces précieuses tapisseries de rubis, de saphirs ou d’émeraudes, réalisées pour la collection, mettent en valeur les diamants mieux que tout autre technique. Le diamant central du collier Atours Mystérieux, par exemple, qui pèse 79,35 carats, trône en majesté au cœur d’un jaillissement de rubis en serti mystérieux qui en révèle tout l’éclat.

Des sillons sont creusés dans la culasse de chaque gemme afin qu’elles puissent être glissées et ajustées dans des rails en or. Le résultat s’apparente à un tapis de pierres précieuses, sans aucune griffe apparente.

Le collier transformable Volutes Mystérieuses
Le collier transformable Volutes Mystérieuses

Autre pièce maîtresse de la collection, le collier Chevron Mystérieux s’inspire des cols cache-cœur en vogue dans les années 1950. Il comporte non pas une mais trois pierres de centre, trois majestueux diamants taille poire qui pèsent respectivement 31 carats (centre), 12,18 carats et 12,07 carats. Le motif en chevron qui forme le collier est composé de saphirs, d’émeraudes et de diamants. Ce joyau est le plus versatile de toute la collection: il offre six possibilités de métamorphose. Le motif central peut se porter sur une chaîne et les deux autres diamants venir orner des boucles d’oreilles.

Le collier Chevron Mystérieux comporte non pas une mais trois pierres de centre.
Le collier Chevron Mystérieux comporte non pas une mais trois pierres de centre.

Il a fallu plus de 30’000 heures de travail aux ateliers pour venir à bout de ce que l’on peut appeler un chef d’œuvre de la haute joaillerie. Un diamant brut d’une telle taille, d’une telle pureté, n’apparaît pas sur le marché tous les jours et la maison Van Cleef & Arpels, aidée par tous les experts, a réussi à créer autour de lui une collection qui fera date dans les annales de la haute joaillerie. Les collectionneurs l’ont bien compris. Lors des premiers jours de présentation, en juillet dernier, ils avaient déjà afflué, désireux d’enrichir leur collection de pièces d’une rareté exceptionnelle. Nul ne sait quand une telle opportunité se reproduira…

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