économie circulaire ne cesse de voir de nouveaux projets éclore, visant à recycler le produit de l’hyper-abondance de nos modes de consommation. Parmi les initiatives les plus récentes en Suisse figure MyTribe, une plateforme dédiée aux bijoux d’occasion. «Après une carrière dans le conseil, la communication, puis la durabilité dans le secteur bancaire, j’ai eu envie de créer un projet concret dans l’économie circulaire, adapté à notre temps et aux changements sociétaux que nous traversons», souligne sa co-fondatrice Anne-Marie Kortmoeller.
Observant attentivement le monde du «second hand», elle constate que si les vêtements ou sacs à main d’occasion sont de longue date les objets privilégiés de plateformes digitales comme Vestiaire Collective, le e-commerce du bijou d’occasion est encore balbutiant. Et décide donc de s’enfoncer dans cette brèche, en s’alliant avec la designer Melissa Tamisier pour lancer MyTribe, une start-up présentée pour la première fois lors du Salon ReLuxury organisé à l’automne 2022.
Leur concept: créer un site contemporain, facile d’usage tant pour les vendeurs que pour les acheteurs, afin de dynamiser le secteur du bijou de seconde main, notamment sur le créneau «du quotidien et multi-marques». L’opportunité est saisie, celle de «faire sortir les bijoux anciens» des coffres où ils reposent souvent. Le terrain de jeu est la Suisse, là encore pour des questions de durabilité, afin d’avoir un impact local.
My Tribe propose tant des bijoux signés que non signés, sur une gamme de prix allant de 500 à 20’000 CHF. Le modèle est celui du dépôt-vente. «C’est le système le plus transparent, qui offre le meilleur prix pour le vendeur et pour l’acheteur, estime Anne-Marie Kortmoeller. Une commission de 25% revient à la plateforme.» Pour les expertises, la société travaille avec le gemmologue Axel Respinger basé à Genève. A noter encore que 2% du prix de vente revient à la fondation genevoise Otium, qui soutient les personnes atteintes de cancer.
«Nous avons développé une veille du marché du bijou de la seconde main pour affiner nos estimations de prix, poursuit l’entrepreneuse. De plus, des sociétés comme The RealReal livrent régulièrement des études de marché très intéressantes que nous pouvons aussi utiliser. Une tendance à souligner est que les bijoux non signés connaissent un retour en force par rapport aux bijoux de marque.»
- Anne-Marie Kortmoeller et Melissa Tamisier ont lancé My Tribe l’an dernier.
My Tribe aura-t-elle aussi une présence physique? «Nous allons certainement développer un modèle «phygital» dans les prochaines années, mais plutôt sous forme de pop-up que de boutique permanente, répond Melissa Tamisier. L’idée est d’aller à la rencontre de nos clients et de continuer à bâtir une confiance réciproque, puisque la plupart achètent des bijoux sans les avoir vus au préalable.»
Contrairement à nombre de plateformes qui démarrent en travaillant avec des professionnels, la start-up a fait le choix de privilégier les particuliers en Suisse tant pour son approvisionnement en bijoux que pour ses ventes. Comme le reflète son nom, qui n’est pas spécifique au bijou mais illustre plutôt sa volonté de former une communauté, elle entend d’ailleurs étendre son activité à d’autres produits à terme - à commencer par l’horlogerie (en priorité des modèles pour femmes) d’ici quelques mois.
«Les valeurs avant le produit!, s’exclame Anne-Marie Kortmoeller. Melissa connaît très bien le monde de la mode et moi celui de la durabilité. Nous amenons des inspirations d’univers différents dans la conception de notre plateforme. Et nous insistons aussi sur le lien intergénérationnel que crée le monde du second hand, qui touche tout le monde, avec l’idée que chaque vendeur est un acheteur potentiel et inversement. Des dames de 80 ans nous confient des modèles qui seront acquis par des jeunes femmes de 20 ans!»