Joaillerie et horlogerie


William Llewellyn Griffiths rêvait de devenir punk, il est devenu joaillier

GEMGENÈVE

mai 2025


William Llewellyn Griffiths rêvait de devenir punk, il est devenu joaillier

Les bijoux de ce joaillier basé en Australie sont des œuvres d’art miniatures à porter sur soi. Son imaginaire foisonnant a donné naissance à des bagues cathédrales d’inspiration gothique, des mémento mori ou des automates fantasques qui sont une signature.

L

e parcours de William Llewellyn Griffiths est fait d’allers-retours, d’un lieu à un autre, d’un rêve à un autre. Il est né en Angleterre, avant de suivre ses parents à l’autre bout du monde, en Nouvelle-Zélande, quand il était enfant. C’est là qu’il grandit, à Auckland, dans l’île du Nord, entre un père ingénieur électricien et une mère artiste.

Sous la maison familiale, son père, qui avait des velléités d’inventeur, avait installé un atelier empli d’outils, de perceuses et de toutes sortes de machines. «Dès mon plus jeune âge, j’ai appris à les utiliser. A l’âge de 17 ans, j’ai vu une petite annonce dans le journal pour devenir apprenti chez un joaillier. Comme j’avais échoué à tous mes examens scolaires, j’ai postulé et j’ai été engagé, sans doute parce que je savais me servir de mes mains , confie William Llewellyn Griffiths. C’est ainsi qu’il a commencé à apprendre la joaillerie à un âge où d’autres se demandent quel métier ils choisiront plus tard.

William Llewellyn Griffiths
William Llewellyn Griffiths
©Eryca Green

Le joaillier punk

William Llewellyn Griffiths nourrissait un rêve: devenir un punk, un vrai. Or les punks, les vrais, à l’époque, c’était à Londres qu’ils traînaient leur désillusion. En 1978, il décide de retourner dans son pays natal et s’installe dans la patrie du no future. Tout en traînant sur Kings Road, il se forme chez des bijoutiers du quartier de Hatton Garden qui lui apprennent les arcanes du métier. Petit à petit, il commence à créer ses propres bijoux et les vend sur les marchés.

Au début des années 1990, il fait sa valise et retourne en Nouvelle-Zélande pour y ouvrir une boutique. «A l’époque, on n’utilisait pas encore Internet, or un jour de 1992, un collectionneur de bijoux japonais m’a téléphoné. Il avait entendu parler de mes créations et voulait que je lui envoie des photos. Je suis allé à la bibliothèque avec des images de mes bijoux, je les ai photocopiées, j’ai écrit les prix dessus, je lui ai faxé l’ensemble et il a acheté tout le lot. Ce fut ma première grosse vente», raconte le joaillier.

Bague Mumtaz Mahal
Bague Mumtaz Mahal
William Llewellyn Griffiths

Un savoir-faire traditionnel

S’en suivent alors des allers-retours entre Auckland et Londres. «Je n’arrivais pas à décider où je voulais être et j’ai fini par m’installer en Australie, à Melbourne, où personne ne me connaissait. J’allais pouvoir commencer une nouvelle vie. C’est là que j’ai rencontré ma femme et que j’ai ouvert un magasin, Metal Couture, en 2006.» Il l’a tenu plus d’une dizaine d’années avant d’en fermer les portes juste avant la crise du Covid. «Aujourd’hui je crée dans un petit studio et j’ai un site web. Mes pièces sont en dépôt dans quelques boutiques à Melbourne, mais j’ai surtout de très bons clients qui achètent des pièces qu’ils voient sur Instagram.»

Boucles d'oreilles Tears of Aurora
Boucles d’oreilles Tears of Aurora

Même s’il fait parfois usage de son ordinateur, le joaillier fabrique ses bijoux à la main. Il réalise ses maquettes en impression 3D ou grâce à la technique de fonte à la cire perdue. Il maîtrise toutes les techniques: «Je coupe le métal, je le soude, je pratique l’art de l’émaillage, je réalise une partie du sertissage et pour les pièces les plus compliquées, je fais appel à un spécialiste.»

Pendentif Humming Bird
Pendentif Humming Bird

Des bijoux aux mécanismes précieux

Les bijoux de William Llewellyn Griffiths sont le fruit de tout ce qu’il est, de tout ce qu’il a vécu, découvert, des villes où il a vécu, l’architecture de la Renaissance, les églises gothiques, la mode, les automates anciens, les mythes, les mystères de la psyché humaine… Il combine les motifs joailliers classiques, les pierres opulentes avec des micro-mécanismes insolites. Ses créations dissidentes semblent émerger d’un rêve ou d’un cauchemar dont il aurait su retirer le silver lining (la lueur d’espoir). «J’aime créer de petits mécanismes que j’intègre dans mes bijoux. Quand j’étais enfant, je démontais mes jouets, des horloges… Mes parents se demandaient ce qui ne tournait pas rond chez moi mais je voulais juste voir comment les choses fonctionnaient», confie le joaillier.

Ce qu’il voulait apporter au monde de la bijouterie? «Juste quelque chose d’un peu différent.»

Pendentif Carousel of Dreams
Pendentif Carousel of Dreams