iana Zhang est née dans le nord-est de la Chine, près de la ville de Harbin, il y a 48 ans, alors que les biens luxueux étaient encore interdits dans le pays. Le seul bijou auquel elle a eu accès, enfant, étaient deux bracelets d’argent que portait sa grand-mère en cachette.
Le pays a commencé à s’ouvrir quand elle était adolescente. «Ma famille fait partie de la première génération à avoir fait des affaires en Chine après la révolution culturelle, dans les années 1980. Ils avaient créé une société de médias. Avec mes parents et mes trois frères aînés, nous avons déménagé à Guangzhou, dans le sud de la Chine, à deux heures de train de Hong Kong.» Après ses études, Diana Zhang a travaillé pour l’entreprise familiale pendant huit ans. «J’étais en contact avec des magazines, des livres, des films importés, ce qui était assez rare à l’époque. C’est ainsi que j’ai découvert l’art, la culture et la mode et c’est devenu une passion.»
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- Diana Zhang
Grâce au soutien de son époux, Steven, qu’elle a épousé en 2004 et dont elle a eu un fils en 2007, elle a pris la décision de créer des bijoux. Après avoir suivi quelques cours sur les diamants au GIA de Hong Kong, dans Central District, elle s’est mise à son compte en 2012, faisant fabriquer ses pièces dans un atelier de Hong Kong. Ses premières créations, elle les vendaient principalement à ses amis et aux amis de ses amis.
Tout a changé en 2013, lorsqu’elle a fait une rencontre à Baselworld qui a changé le cours de son existence: celle de Cyrille de Foucaud. Cet expert international de bijoux était alors le CEO des boutiques Martin Du Daffoy et le fondateur d’Orpheo Genève, une société spécialisée dans l’achat, la vente et l’expertise de bijoux anciens et historiques. Lors d’un voyage à Hong Kong, l’antiquaire du bijou a découvert la collection «Une année en Chine» de Diana Zhang, qui évoque la culture chinoise à travers les fleurs des quatre saisons.
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- Bracelet de la collection Undivided Love, or blanc, saphirs roses et diamants.
- Photo: ©Diana Zhang
Séduit par ce travail délicat, il l’a invitée à présenter ses œuvres sur son stand à la Biennale des Antiquaires de 2014.« Cette année-là, il n’y avait que deux créateurs de bijoux chinois à la Biennale: Wallace Chan, qui avait son propre stand, et moi» , dit-elle. Cette présence à Paris lui a permis de gagner une visibilité internationale qu’elle n’avait pas.
Du fait de leur complexité, les bijoux signés Diana Zhang peuvent se porter de plusieurs manières tout comme s’exposer en vitrine. C’est le cas notamment de la manchette Red Lotus Under The Sun qu’elle a présentée au Salon GemGenève. Deux années furent nécessaires pour dessiner ce bijou et sourcer tous les rubis qui le composent. Une quête complexe car la créatrice tenait à ce que le centre de chaque pétale soit serti uniquement de rubis birmans non chauffés, qui ont tous été certifiés par l’institut suisse SSEF. Le contour des pétales est orné de 3,805 rubis non chauffés.
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- Manchette The Red Lotus Under The Sun
«Comme je ne trouvais pas les pierres dont j’avais besoin sur le marché, j’ai acquis un brut du Mozambique et je l’ai fait tailler. Le processus a duré 8 mois, nous n’avons pu garder que 30 % du brut car nous voulions que la qualité soit au rendez-vous.» Il a fallu encore une année aux ateliers pour venir à bout de toutes ses exigences et réaliser cette fleur en titane. «Pour fabriquer cette pièce cela nous a pris trois ans.»
Ce bijou s’inspire du poème The Lakeside Temple at Dawn, du poète Yang Wanli, avant vécu à l’époque de la dynastie Song:
The uncommon West Lake in the midst of sixth moon; Displays a scenery to other months unknown. Green lotus leaves outspread as far as boundless sky; Pink lotus blossoms take from sunshine a new dye.
«Les lotus poussent dans des eaux stagnantes et troubles mais en grandissant, ils dévoilent une beauté pure. Ce sont des fleurs très symboliques. Elles nous disent que même si nous nous trouvons dans un environnement difficile et que tout est en désordre autour, nous devons trouver la paix en nous.»
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- Bracelet et breloques Love One’s More
Cette manchette précieuse est versatile: le lotus s’en détache pour devenir une broche et la partie restante, formée d’une manchette ornée de 7 diamants de taille coussin et ovale et de 2 569 diamants de taille brillants peut se porter comme telle.
«Mes bijoux racontent une expérience. Par exemple, j’ai représenté ce lotus tel qu’il apparaît au milieu de la journée. Il lui reste du chemin à parcourir avant la pleine floraison. C’est un peu l’endroit où je me trouve dans ma carrière et dans ma vie: je suis à mi-chemin. Il faut du courage pour s’épanouir: il existe tellement de chemins que l’on peut suivre et tellement de choix à faire! Mais on doit choisir en étant en paix, ce qui n’est pas toujours facile.»
Parce que Diana Zhang met beaucoup d’elle-même dans ses créations, elle souhaite trouver le bon collectionneur, celui qui comprendra sa pièce, son histoire, et qui l’aimera vraiment. «C’est ainsi que le bijou pourra se transmettre de génération en génération. Personne ne jette un bijou. Vous le mettez dans un coffre-fort, vous le donnez à un ami ou à votre famille. Vous ne vous en débarrasserez jamais. Et comme je sais que chacun de mes bijoux va me survivre, je m’assure qu’il soit parfait.»