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PORTRAITS DE FABRICANTS DE BRACELETS



PORTRAITS DE FABRICANTS DE BRACELETS

Alors que tous les regards se tournent généralement vers le cadran, la partie souvent la moins considérée de la montre reste un élément essentiel du garde-temps, qui peut nécessiter pas moins de 80 étapes de fabrication.
Présentation d’une sélection d’acteurs: CORIUM, FLEURUS, HIRSCH, KUKI, LIC, MORELLATO, PROMOTION, PROTEXO, SALIN, SIBRA, SIS, ZUCCOLO ROCHET, BOUCLEDOR

Sibra, entre la France et l’Inde

Fondée en 1991 à Besançon par Gérard Simon, Sibra opère deux types de production. La première est spécialisée dans le haut de gamme et située en Franche-Comté, avec notamment le travail des cuirs exotiques. La seconde est axée sur le volume et basée en Inde. Cependant, les deux entités sont distinctes: il n’y a pas de «semi-production» (conception en Inde et assemblage en France).

Sibra entend jouer la carte de la transparence quant à son usine indienne, qui compte près de 600 employés. «Il s’agit de notre propre structure et pas celle d’un sous-traitant: nous savons donc qui y travaille et nous respectons la législation indienne, explique Gérard Simon. Nous demandons une radiographie dentaire – la seule vraie preuve de l’âge d’une personne – avant d’embaucher quelqu’un. De plus, nos différents clients réalisent des audits «surprise» régulièrement.»

A Besançon, une vingtaine d’employés s’affairent à la production de bracelets. Généralement, les clients ne demandent pas d’inscrire le label «Made in France» sur le bracelet. Sibra, qui souhaite pénétrer un peu plus le marché suisse, compte notamment sur la nouvelle réglementation Swissness, qui entrera en vigueur à partir du 1 janvier 2017. «Certaines marques chercheront en effet des solutions pour préserver en partie leur marge, notamment en s’approvisionnant à meilleur coût en composants n’entrant pas dans la nouvelle législation.»

Sibra
Sibra

SIS, comment renaître de ses cendres

Le groupe SIS a connu deux vies. C’est en 1983 que la «SARL Supercuir», spécialisée dans la fabrication de bracelets de montres, est créée dans une petite maison au cœur d’un village des montagnes franc-comtoises, non loin de la Suisse voisine. La société se développe à l’international et ouvre des unités de production à l’île Maurice et en Chine. Mais en 1997, le client principal, qui représentait alors 70% de l’activité, décide de rompre son partenariat avec Supercuir. L’année suivante, la société doit affronter sa liquidation judiciaire.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là: une nouvelle société peut voir le jour grâce au rachat des actifs par les cadres et les employés! SIS est né, dont le nom est constitué des initiales des anciennes entités de la structure: «S» de Supercuir pour la fabrication de bracelets de montres et de petite maroquinerie, «I» de IWD pour la distribution de bracelets cuir et «S» de Softline Box pour la maroquinerie haut de gamme. Aujourd’hui, SIS se compose de cinq sites de production en Franche-Comté, d’un site de production à Madagascar et d’un site de production en Chine, pour un total global d’environ un million de bracelets fabriqués par an.

«Lors de la renaissance sous le nom de SIS, nous étions un peu plus de 60 personnes. Aujourd’hui, nous sommes 700 employés dans le groupe», précise Jean-Yves Chauvy, directeur commercial pour l’Europe et l’Asie.

Les phases de tests sont importantes pour répondre aux normes européennes (Reach) et américaines (FDA). «Ils se déroulent en deux phases. D’une part, nous testons séparément tous les éléments du bracelet: la matière, la colle et le fil. Ensuite, nous les testons lorsque le bracelet est assemblé. Nous effectuons des prélèvements sur tous les lots. A différentes phases de l’assemblage, une dizaine de bracelets sont prélevés et broyés: c’est la poudre que les laboratoires testent. Ensuite, ils peuvent identifier le matériau soupçonné en cas de problème. Il y a des tests internes et externes, nous ne sommes nous-mêmes pas chimistes donc nous faisons appel à des laboratoires certifiés, qui sont reconnus par Richemont, LVMH ou le Swatch Group

La société ressent la crise: «On nous demande un effort sur le prix mais surtout de la réactivité. Avant, les horlogers vendaient le même produit dans le monde entier. Maintenant, ils conçoivent des produits différents pour des pays différents et de plus en plus de petites séries.»

SIS
SIS

Zuccolo Rochet, le bracelet de remplacement

La société française Zuccolo Rochet a déjà une histoire longue et riche dans le bracelet. En 1904, Joseph Rochet et Edmond Zuccolo décident de s’associer et de créer leur société à Genève. Ils inventent les premiers bracelets de montres extensibles. Ils seront d’ailleurs récompensés par le prix de l’innovation à Genève en 1917 pour leurs travaux. Lors de la Première Guerre mondiale, la Suisse est sous blocus et la marque doit s’implanter à Annecy.

En 1946, Edmond Zuccolo se retire de l’entreprise et la fille de Joseph Rochet, Georgette, fait entrer son mari, Louis Brunet, dans la société. Dans les années 1950, la marque crée sa fameuse montre Grands Fonds 300M dédiée aux plongeurs professionnels, qui équipera d’ailleurs la Marine Nationale française de 1963 à 1974. Depuis 2004, Charles et Georges Brunet qui sont aux commandes de l’entreprise, dans la lignée de la tradition familiale.

La société ne fournit pas directement des marques: elle s’est spécialisée dans le remplacement de bracelets, pour des milliers de chaînes et points de vente dans le monde. Paradoxalement, ce positionnement la favorise en période de ralentissement des achats horlogers, souligne Georges Brunet: «Les détenteurs de montres ont tendance à les garder plus longtemps et donc à remplacer leurs bracelets usagés plus régulièrement.»

Le responsable insiste sur les soucis écologiques entourant sa production. «Pour pallier à la quasi-absence de recyclage, nous avons créé des bracelets biodégradables à travers notre gamme «BioConfort». Elle limite par ailleurs les risques d’allergie. En effet, le titane utilisé pour fabriquer les bracelets ne contient pas de chrome et est 100% biocompatible. Le tannage est végétal: au lieu de tremper la peau dans des sels de chrome, nous utilisons par exemple de la poudre de roche.»

Georges Brunet se plaint en revanche d’une réglementation excessive du secteur: «Il faut arrêter d’interdire sans arrêt de nouvelles matières. Au final, il y a un décalage et presque personne n’est en ligne avec Reach! Les tanneurs ont des stocks de plusieurs mois...»

Zuccolo Rochet
Zuccolo Rochet

Boucledor, tout est dans le nom!

Boucledor
Boucledor

Comme le bracelet, le fermoir de la montre a un rôle essentiel, parfois oublié, et constitue un composant critique pour l’industrie. En Suisse, quatre sous-traitants indépendants fabriquent des boucles et fermoirs (les grands groupes ont aussi leurs propres unités de fabrication de bracelets, boucles et fermoirs). C’est le cas de Boucledor. Fondée en 1965 à Meyrin, la société fournit les principales marques horlogères helvétiques. Elle revendique un Swiss made à 100% «sans aucun sous-traitant à l’étranger», aime à rappeler Claude Durand, vice-président de Boucledor. Personnalisation, innovation et modèles exclusifs: tels sont les leitmotivs de la marque. Malgré la crise, Claude Durand a tenu à renforcer le pôle développement de la marque afin de rester compétitif. Il tient à souligner qu’aucun licenciement n’a eu lieu.

Comme son nom l’indique, Boucledor fabrique principalement des boucles et fermoirs en or. Le métal précieux travaillé par Boucledor provient exclusivement d’une grande banque de la place, accréditée auprès du Responsible Jewellery Council (RJC) et est membre de l’Association des professionnels du marché des métaux précieux de Londres (The London Bullion Market Association ou LBMA). Le fournisseur de Boucledor garantit son respect des conventions de la LBMA qui comprennent, en particulier, le monitoring et la qualification des établissements spécialisés dans le raffinage de l’or.

Boucledor répond également aux normes Reach, une «protection efficace pour les consommateurs» selon Claude Durand. La société est de plus membre du programme genevois «Eco-Engagement», qui favorise la mise en place de mesures de développement durable dans l’entreprise.