L’horlogerie indépendante


Visages du futur

REPORTAGE

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avril 2023


Visages du futur

Une nouvelle vague horlogère est en train d’arriver. Ce n’est pas une déferlante, elle ne va pas bouleverser l’économie de l’industrie horlogère. Mais elle va compter. Elle est le fait d’une jeune génération d’horlogers, qui a grandi à la fois avec les nouvelles technologies et le formidable retour de la mécanique. Une génération ouverte à tous vents, avide d’indépendance et de liberté créatrice. Le tout dans un respect parfois presque dévot de la haute mécanique des siècles passés.

A

n’en pas douter, une nouvelle génération d’horlogers est aux aguets. Leur avenir? Eux-mêmes n’en sont pas certains mais ils et elles ont avant tout soif d’indépendance. Et celle-ci, aujourd’hui, ne peut se conquérir que «par le haut». Pour exercer en toute liberté son métier d’horloger complet et de créateur, il faut exceller.

Mais pour autant, cette nouvelle vague d’horlogers plus pointus les uns que les autres ne fait pas son miel de la compétition. Au contraire, ce qui frappe avant tout est l’étendue, l’ouverture, la convivialité de leurs réseaux. Plutôt que de se regarder en chiens de faïence, ils se parlent, échangent, s’épaulent, apprennent des uns et des autres. Et tous tiennent à saluer les «passeurs», professeurs ou horlogers aguerris, qui leur ont transmis la flamme d’une semblable passion. L’apprentissage et l’échange sont au cœur de leur cheminement.

Ils et elles ont des points communs. A l’origine, il y a toujours un déclic, une fascination qui remonte à l’enfance pour la magie d’un objet mécanique. Souvent il y a une mère ou un père qui travaille avec ses mains ou un grand-père horloger, un oncle menuisier, de vieux réveils à démonter trouvés au grenier. Mais surtout, après avoir suivi cette fascination enfantine par des voies parfois hasardeuses, il y a pour chacun ou chacune une rencontre, des rencontres, avec un professeur, des passeurs, des fous de mécanique.

Génération née avec les réseaux sociaux, elle arrive à point nommé dans une horlogerie mécanique mondialisée désormais devenue d’une grande sophistication. Il y a une place toute prête pour eux. Le nombre de collectionneurs a non seulement fortement augmenté mais leur profil s’est transformé. Collectionner les montres n’est plus seulement l’apanage de vieux célibataires fortunés et maniaques comme il y a cinquante ans.

Aujourd’hui, l’horlogerie «pour connaisseurs» est devenue in. Les stars des ventes aux enchères, à force de démultiplier leur cote, sont devenues des véhicules financiers. Les vrais connaisseurs, les vrais amoureux d’horlogerie (disposant de moyens, toutefois) vont désormais fouiller du côté des indépendants. Derrière la première génération des horlogers indépendants qui, aujourd’hui, occupent une place surplombante dans le paysage, une nouvelle vague pointe, de très bons horlogers, jeunes mais conscients de l’histoire et des leçons du passé, maniant à la fois lime, tour, CNC, programmes de construction, dotés de sens artistique. Ils sont déjà aguerris, pointus, habiles, connectés.

Et ce qui frappe avant tout quand on va naviguer parmi eux, c’est l’authenticité et l’enthousiasme de leur passion.

Cinq portraits. Mais ce n’est qu’un début.

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Photo: Dans le fouillis de l’atelier de Vianney Halter. Aux yeux de la nouvelle génération des jeunes horlogers et horlogères, Vianney Halter, avec ses inspirations multiples, de Breguet à la science-fiction, avec sa connaissance des tours et détours de la mécanique, avec son habileté de constructeur et sa convivialité naturelle, fait figure de modèle de liberté et d’indépendance. Crédit photo: Guillaume Perret pour Europa Star