Sous-traitance horlogère


Les sous-traitants doivent-ils se lancer dans la vente en direct?

ÉDITORIAL

mars 2021


Les sous-traitants doivent-ils se lancer dans la vente en direct?

Cette question, un peu provocatrice et paradoxale, est celle que pose la nouvelle structure Watch Angels, adossée au groupe de private label et sous-traitance horlogère FM Swiss Logistics. Ne se «contentant» plus de simplement produire pour d’autres, elle prend désormais sous son aile le lancement de marques horlogères.

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es sous-traitants doivent-ils se lancer dans la vente en direct? Cette question, un peu provocatrice et paradoxale, est celle que pose la nouvelle structure Watch Angels, adossée au groupe de private label et sous-traitance horlogère FM Swiss Logistics. Ne se «contentant» plus de simplement produire pour d’autres, elle prend désormais sous son aile le lancement de marques horlogères.

A son actif, une marque d’horlogerie «durable» avec le designer Cédric Bellon (qui travaille notamment de longue date pour Bell & Ross) et la résurrection version Swiss made de la légendaire marque Waltham, tombée au champ d’honneur de la grande Histoire horlogère il y a quelques décennies déjà. Comme l’explique Guido Benedini, ex- CEO d’Alpina désormais à la tête de Watch Angels, plusieurs lancements sont au programme, à raison d’«une nouvelle marque chaque mois». Ambitieux!

La légendaire marque américaine Waltham vient d'être relancée par l'incubateur Watch Angels, adossé au groupe de private label et sous-traitance horlogère FM Swiss Logistics.
La légendaire marque américaine Waltham vient d’être relancée par l’incubateur Watch Angels, adossé au groupe de private label et sous-traitance horlogère FM Swiss Logistics.

Alors que la crise pandémique a rendu encore plus fragile le destin des sous-traitants horlogers, dont un nombre croissant cherche d’ailleurs à se diversifier vers d’autres industries, le lancement de la structure Watch Angels par le groupe FM Swiss Logistics interroge.

Faut-il désormais chercher son salut, pour les sociétés qui en ont les moyens opérationnels, en allant vers le marketing direct, la vente, la distribution. Bref, «devenir» une marque horlogère, seul ou en collaboration (et récupérer les marges associées)?

Faut-il désormais chercher son salut, pour les sociétés qui en ont les moyens opérationnels, en allant vers le marketing direct, la vente, la distribution. Bref, «devenir» une marque?

Ce phénomène n’est en réalité pas nouveau dans l‘histoire de l’horlogerie: que l’on se souvienne seulement du rachat dans les années 1970 par le groupe Dixi de Paul Castella d’une série de marques horlogères en difficulté dans son «fief» du Locle: Zenith, Movado, Mondia, Paul Buhré, H. Moser & Cie ou encore Zodiac. Au point qu’on surnommera un temps la localité «Dixiland», alors que le spécialiste de la machine-outil et de la micromécanique était le plus grand employeur du Locle!

On ne compte plus les sous-traitants adossés à une marque horlogère… ou l’inverse. L’«agilité» de notre ère numérique, dont le principe cardinal est la relation directe et la «désintermédiation», ouvre la possibilité à certains acteurs de franchir le pas en s’occupant désormais non seulement de production mais aussi de vente, répondant par là même aux fortes sollicitations directes de «néocréateurs» horlogers et start-ups en voie de formation.

L’«agilité» de notre ère numérique, dont le principe cardinal est la relation directe et la «désintermédiation», ouvre la possibilité à certains acteurs de franchir le pas.

Ce qui n’est pas sans risque, car il s’agit pour elles d’apprendre un nouveau métier – une diversification toujours délicate quand on s’avance en terrain inconnu, au même titre que celles qui se lancent dans le médical et son environnement ultra-«normé».

Les périodes de crise forcent à explorer de nouvelles pistes d’activités. Les exemples de diversifications ou repositionnements vont certainement se multiplier dans les mois à venir. En espérant que la plupart des sociétés puissent compter sur le soutien des autorités pour faciliter cette transition et maintenir au maximum l’outil industriel suisse dans ces conditions extrêmement adverses.

Note: cet éditorial est extrait du Bulletin d’informations (à retrouver ici).