e pensais connaître Girard-Perregaux, confie d’emblée Marc Michel-Amadry lorsque nous nous rencontrons à Genève. Mais ce que j’ai découvert dans la manufacture a dépassé mes attentes. Je ne parle pas que de patrimoine, mais aussi de capacité d’innovation et de savoir-faire en haute horlogerie. Et je pense que c’est ce sentiment que nous devons partager hors de nos murs.»
Après huit années passées chez Richemont, notamment comme Chief Commercial Officer d’IWC, ce passionné de haute horlogerie et homme de culture (il est également romancier) a repris la direction de Girard-Perregaux en février. C’est une année particulière pour la manufacture fondée en 1791, car 2025 marque le cinquantenaire de ce qui est devenu son emblème absolu, dans la vague du sport-chic horloger: la Laureato.
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- La nouvelle Girard-Perregaux Laureato Three Gold Bridge: quand la manufacture historique marie deux de ses modèles emblématiques. Deux versions de 41 mm sont proposées, l’une anniversaire limitée à 50 exemplaires avec lunette octogonale en or blanc, une autre avec lunette octogonale sertie de 32 diamants taille baguette, non limitée.
Le nouveau dirigeant, lui-même né à La Chaux-de-Fonds, aime prononcer un mot à propos de Girard-Perregaux: celui d’«intégrité». Il esquisse ici la partition pour une marque qui s’adresse à celles et ceux qui sont plus sensibles à la substance qu’au statut.
Europa Star: Vous avez pris la direction de Girard-Perregaux en février dernier. Qu’est-ce qui vous a convaincu de rejoindre cette maison?
Marc Michel-Amadry: C’est un projet qui a un sens profond pour moi. C’est une maison née à La Chaux-de-Fonds, avec un raffinement qui m’a toujours touché. Je me souviens encore: pour mes quarante ans, la seule montre que je me suis offerte, c’était une Girard-Perregaux. Aujourd’hui, c’est un privilège de pouvoir contribuer à écrire un nouveau chapitre de son histoire. C’est aussi une histoire de lien personnel, puisque je connais Patrick Pruniaux [le CEO de Sowind Group] depuis longtemps, et lorsque cette opportunité s’est présentée, cela m’a semblé évident.
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- La Laureato Three Gold Bridges est équipée du nouveau calibre maison GP9620 avec des surfaces sablées, circulaires et satinées droites, et pas moins de 418 angles polis à la main, dont 362 angles rentrants.
A votre arrivée, qu’avez-vous identifié comme forces et faiblesses de la marque?
Les collectionneurs le disent tous: Girard-Perregaux est l’une des grandes maisons de haute horlogerie, mais elle reste souvent discrète. Je n’ai jamais rencontré un passionné qui ait dit un mot négatif à son égard! C’est une marque qui suscite un love capital, un capital sympathie, exceptionnel. Elle a toujours fait les choses différemment, avec innovation, mais aussi constance et sincérité.
Mon rôle n’est ainsi pas de «repositionner» Girard-Perregaux, mais de la révéler à sa juste valeur, de rappeler les faits, d’exprimer son identité profonde avec la plus grande intégrité. La valeur d’une montre ne provient pas de la somme de budgets marketing, mais de la juste rencontre entre un mouvement, une esthétique, le travail sans compromis de nos horlogers et un message authentique
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- Mouvement compact, le nouveau calibre GP4800 qui équipe la Laureato FIFTY affiche un diamètre de 25,60 mm (11/2’’’) et une épaisseur de 4,28 mm. Il est doté d’un échappement en silicium, d’un balancier à inertie variable et d’une fonction stop seconde.
Votre discours évoque un travail de fond sur le narratif de la marque. En quoi consiste-t-il?
Evidemment ce que nous recherchons c’est démontrer notre histoire sans artifice. En quelque sorte, Girard-Perregaux se met à nu: nous voulons montrer la richesse de notre histoire de plus de 234 ans. Lorsque Jean-François Bautte ouvre son atelier en 1791 à Genève, alors qu’il n’a même pas 20 ans, c’est la genèse de la «manufacture intégrée» qui démarre et se poursuit à ce jour, avec aujourd’hui plus de 30 calibres actifs et 80 brevets dans notre portfolio. Et bientôt, nous ouvrirons une nouvelle boutique à moins de 500 mètres du lieu où tout a commencé! Cette continuité géographique est symbolique de ce fil invisible qui nous relie à nos origines.
Depuis 1791, Girard-Perregaux crée ses propres mouvements et au cours de sa longue histoire, la manufacture a également fourni plus d’une vingtaine de marques horlogères de renom dans son histoire. La «manufacture intégrée», que ce soit pour notre marque comme pour d’autres, fonde notre identité.
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- Pour marquer le 50ème anniversaire de l’emblématique Laureato, Girard-Perregaux a dévoilé la Laureato FIFTY, une édition limitée à 200 exemplaires, dans un diamètre de 39 mm et animée par le nouveau calibre maison GP4800.
Vous parliez de ce capital sympathie, de cette intégrité, qui se reflète dans un travail de fond. Mais ne faut-il pas justement être «disruptif», voire taper du poing sur la table, pour exister aujourd’hui dans la haute horlogerie?
Je ne crois pas à la disruption pour la disruption, pour faire du bruit. Oui, Girard-Perregaux peut aussi être polarisante: si vous achetez une montre pour le statut, ce n’est pas la bonne maison pour vous. Nos clients sont des connaisseurs, sensibles à la finition et à un savoir-faire de haute horlogerie sans compromis. Le quiet luxury est exactement notre langage. Girard-Perregaux n’est pas ostentatoire, mais assumée.
Quelles sont vos priorités stratégiques pour la marque?
Incarner pleinement les codes de la très haute horlogerie et son exigence. Nous n’avons rien à envier aux grands noms, nous appartenons à cette ligue. Notre stratégie consiste à révéler ce que nous faisons déjà, en plaçant le mouvement au cœur: les nouveaux calibres GP4800 (septembre) et GP9620 (lancé aujourd’hui). D’autres suivront, dont de grandes complications l’année prochaine. C’est le début d’un voyage qui replace le mouvement au cœur de notre identité.
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- Comme une sculpture mécanique, la Laureato Three Gold Bridges s’articule autour des trois ponts ajourés en or blanc qui constituent sa colonne vertébrale visuelle et fonctionnelle. Le pont supérieur fixe le barillet, sous lequel le micro-rotor en platine est ingénieusement positionné, le pont central soutient le train d’engrenages et le mécanisme, et le pont inférieur ancre le tourbillon.
Comment cela se traduit-il dans les nouveautés récentes?
Prenez la Laureato Fifty. C’est un concentré de tout ce que Girard-Perregaux fait de mieux: précision, architecture, esthétique, intégrité. Et que dire de la Laureato Three Gold Bridges en or blanc, qui incarne notre vision d’architecture horlogère axée sur l’expression de la beauté!
Aujourd’hui, on a parfois de la peine à classer Girard-Perregaux: fait-elle partie des grandes maisons historiques ou de la nouvelle scène indépendante?
Les deux! Nous sommes une maison historique, fondée sur l’intégrité et le savoir-faire, mais avec une liberté de ton proche des indépendants. Ce que j’aime, c’est cette tension entre héritage et modernité. Notre rôle est de redonner du sens à notre histoire. Girard-Perregaux n’a pas besoin d’être réinventée, elle a simplement besoin d’être révélée.


