ans elle, sans cette main devenue par la grâce de l’évolution «l’outil des outils», capable tout aussi bien de saisir délicatement une miette comme de lancer un caillou, de façonner, de creuser, de planter tout aussi bien que de caresser, l’incroyable – merveilleuse et sanglante – aventure humaine n’aurait jamais existé (ou du moins, pas sous la forme que nous connaissons).

La main a façonné toute notre histoire et a transformé notre planète.

Sans elle, nous ne nous serions jamais tenus debout. Sans elle notre cerveau n’aurait jamais pu se développer comme il l’a fait. La main est ce qui nous relie tous entre humains. Et en chacun de nous, la main est l’organe de notre corps qui a le plus de connections directes avec notre cerveau. Et de loin.

Une amusante et célèbre représentation le démontre graphiquement, l’Homoncule de Penfield (voir ci-dessous). Même si elle est aujourd’hui scientifiquement remise en question, cette visualisation des degrés de finesse sensorielle du corps humain (en l’occurrence masculin), imaginée dans les années 1930 par Wilder Penfield, neurochirurgien canadien au Royal Hospital de l’Université McGill de Montréal, qui a cartographié les fonctions du cortex cérébral par stimulation électrique des différentes régions que lui présentaient ses patients, reste hautement parlante et grossièrement réelle.

L’homoncule de Penfield qui illustre graphiquement l’importance des liens entre le cerveau et les différentes parties du corps humain. Mains, langue et bouche sont ainsi surdimensionnées.

Comme on peut le voir, les mains – avec la langue et les lèvres – sont les organes qui relient le plus directement le monde extérieur et notre cerveau.

HANDS – Le magazine de la main

Dans le dossier HANDS qui suit, nous vous donnons un avant-goût des contenus du futur magazine que nous consacrerons à la Main sous toutes ses formes. Un accent particulier sera bien entendu mis sur l’artisanat d’excellence, sur l’intelligence de la main au travail. Nous entendons accompagner sa renaissance, sous toutes ses formes, des plus modestes aux plus spectaculaires.

Mais c’est aussi à tous ses aspects que nous nous intéressons: son histoire, son lien millénaire avec l’art, sa physiologie, sa paléontologie, sa philosophie, sa sociologie, sa beauté, son futur… Pour commencer, nous nous penchons dans les pages qui suivent sur ce que nous connaissons de plus près, l’horlogerie, et plus précisément la main dans l’horlogerie.

Vue d’artiste d’un hominidé qui semble découvrir avec étonnement son pouce opposable qui va devenir l’outil de ses outils, ce que démontre le silex taillé qu’il tient dans la main gauche.

Nous nous plongeons ainsi dans l’univers mythique et réel à la fois du paysan-horloger. Alors, autour de lui, tout était «fait main», tout était artisanal, depuis son assiette, ce qu’il y avait dedans, jusqu’à son lit. Tout le monde savait tout faire, l’habileté manuelle était gage de vie. Et survint la mécanisation.

La roue tourne. La main se met au service de la machine. Mais l’héritage n’est pas mort et une nouvelle génération horlogère du «fait à la main» a aujourd’hui de nouveau le vent en poupe.

Au fil des pages, nous découvrons notamment un petit «Pompéi» horloger sous la forme d’un atelier oublié depuis des lustres, évoquons le côté sombre de la main avec une prothèse de la Grande Guerre de 14-18, donnons la parole à un maître horloger qui nous explique «ce que sait la main», explorons le devenir de la main mécanique depuis Jaquet-Droz jusqu’à l’exosquelette…

Mais nous documentons aussi la grande vague qui se lève des métiers d’art en horlogerie, détaillons les infinies subtilités de l’anglage main.

Et enfin, nous évoquons les nouvelles générations, si sensibles à ce renouveau en marche du «fait main».